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Version Française de l’Article paru sur Listin Diario 20 mars 2023

Jean Garry DENIS, Port-au-Prince, Haiti

 

Dans la culture populaire haïtienne, notamment dans la paysannerie, pour dire au revoir à un intrus, une personne indésirable, infâme, abjecte et déplaisante, trois gouttes d'eau sont jetées par terre pour saluer le départ de cette personne.

Fondamentalement, cet acte a pour objectif de laver les souillures, casser les liens, effacer les mauvais souvenirs, les souffrances, les cauchemars, les tristesses que cette personne a causées. Selon les mythes de la sociologie haïtienne, cette personne devra oublier a jamais le chemin du retour pour venir répéter ses méchancetés.

 

Nous profitons pour rendre un vibrant hommage à Maurice Sixto, l'un des diseurs les plus célèbres de notre littérature orale des décades 70 et 80. Il a fait un travail énorme de promotion de la culture haïtienne, notamment la vulgarisation de cet acte mythique de l'Haïti Profond dans son œuvre intitulé Mḕt Zabelbok. Manzḕ Sandrine l’un des personnages de cet œuvre fictive, digne représentante de la combativité de la femme haïtienne a versé trois gouttes d'eau après le départ de la Maison Familiale de Zabelbok, son neveu par alliance, Avocat inscrit au barreau de Port-au Prince, pour qu’il oublie le chemin du retour à la maison et entamer le processus du divorce avec sa nièce.

 

C’est dans ce même esprit que de nombreux citoyens de divers secteurs veulent donner un adieu a Madame Helen Meager Lalim, Diplomate Américaine, Représentante du Secrétaire Général des Nations Unies et Chef de la mission spéciale des Nations Unies en Haïti dans le cadre de sa fin de mission le 26 mars 2023. Ils envisagent de jeter symboliquement dans tous les coins et recoins du pays trois gouttes d'eau au moment du départ du pays de Dessalines de ce sulfureux et singulier personnage.

 

La mission de cette diplomate en Haïti s’est caractérisée par un comportement délétère et très peu diplomatique en s’écartant totalement de ses taches pour accompagner les institutions et renforcer le processus démocratique. Ses pratiques manipulatrices ont plutôt contribué au déchirement du tissu social haïtien en répandant la division et la méfiance dans tous les secteurs économiques et sociaux. Elle a toujours fait l’objet de contestations et de plaintes de la part de personnalités, d'organisations sociales et politiques du pays. À plusieurs reprises, des milliers de manifestants exigent du Secrétaire General des Nations Unies qu’on mette fin à sa mission.

 

L'image des Nations Unies en Haïti n'a jamais été aussi dégradée en Haïti avec les agissements de cette fonctionnaire à la tête de cette importante mission. Dans ce cadre, le peuple haïtien n'a jamais été aussi unanime à reconnaitre la responsabilité et la complicité de la communauté internationale dans l’instabilité politique et la détérioration de son économie durant ces dernières années.  Dans ce cadre, Madame Lalime est la personnalité avec le plus grand taux de rejet dans le pays durant ces dernières années.  Selon le Sénateur Patrice Dumond, cette fonctionnaire n'est pas digne pour représenter cette importante mission des Nations Unies en Haïti.

 

Elle a une grande responsabilité dans la détérioration du climat de violence dans le pays. Comme experte dans l'art de la division et de la manipulation politique, sa capacité à déformer la réalité, faire des inventions pour ses plans cachés est sans précédent. Ces rapports ne reflètent jamais jamais la réalité de la violence des gangs criminels opérant sur le territoire national.  En effet, dans un rapport au Conseil de sécurité en juin de l’année 2020, elle a même salué la formation d'une fédération de groupes armés (G-9) sous le fallacieux prétexte d'une baisse des homicides volontaires dénombrés par la police. Ce n’est un secret pour personne, la prolifération des bandes criminelles a été une réponse du pouvoir de l’époque appuyé par Madame Lalime pour contrer les revendications légitimes de la population dans les quartiers populaires.

  

Les manipulations de Madame Lalime auraient été une excellente source d'inspiration pour le Nobel Colombien de littérature, Gabriel García Márquez. Il aurait changé le titre de son roman pour un autre plus proche de la réalité : Chronique d'un mort annoncé en Chronique d'un génocide annoncé. De fait, le projet de génocide se trouve déjà dans une phase opérationnelle avancée.

 

Aujourd’hui, Haïti est en train de vivre les résultats de ce projet de chaos mis en place par les Ambassadeurs du Core Group.  Port-au-Prince est complètement assiégé par les gangs criminels, souvent mieux équipés que les forces de police. Presque chaque semaine, de violents affrontements entre les gangs armés entraînent des massacres faisant des centaines de morts, des disparitions et des déplacements. La complicité dans ces massacres d'officiels de ce gouvernement soutenus par le Core Group et la Représentante des Nations Unies est toujours évoquée par les observateurs et les organisations des droits humains.  Le dernier massacre en date au début du mois de mars à Port-au-Prince présente un bilan préliminaire de 70 morts, 50 disparus et des milliers de déplacés provocant une crise humanitaire aigue.  Le mercredi 25 janvier 2023, un affrontement entre les forces de police et des gangs criminels dans le département de l'Artibonite s’est soldé par la mort de 5 jeunes policiers.

 

Nous ne sommes pas assez naïfs pour croire que la Représentante agit de manière isolée, elle joue sa partition dans l’équipe du Core Group avec beaucoup de zèle et c’est la digne représentante de ce groupe de diplomates extrémistes qui semble-t-il, ne jurent que par l'extermination d’Haïti. Au-delà de tout symbolisme, l’expression de ces actes de protestations   dans le cadre de la fin de la mission de Madame Lalime démontre une volonté de résistance du peuple haïtien pour lutter contre les arrogances du Core Group pour recouvrer sa souveraineté et améliorer ses conditions d’existence. Dans ce cadre la journée du 26 mars devra être reconnue comme celle de la Résistance contre l’ingérence de la Communauté Internationale.

 

L’auteur est Directeur Exécutif de l’Institut Haïtien d'Observatoire des Politiques Publiques (INHOPP).