par Creutzer
Toussaint Louverture peut disparaitre de la scène du monde. Son Œuvre lui survivra. Il a préparé des Officiers capables de ramasser son épée et de s’en servir avec maitrise.
Louis Mercier, Contribution de l’Île d’Haïti à l’histoire de la civilisation.
Je souhaite dans ce court texte, contribuer à la compréhension du lecteur de la situation qui se développe dans ce coin de terre dans la Caraïbe et qui a conduit au vote du Conseil de sécurité de l’ONU, ouvrant la voie à une nouvelle intervention militaire. Pourtant, il s’agit bien d’un pays (territoire) dont l’administration est déjà placée sous l’œil bienveillant de l’ONU et sous le contrôle effectif d’un regroupement formé d’une partie des membres les plus influents du corps diplomatique accrédité dans ce pays. Qu’est-il donc arrivé à ce pays jadis connu pour ses beaux paysages, ses belles plages et l’hospitalité légendaire de sa population malgré les conditions de vie à la limite du seuil acceptable ? Je propose un premier élément de réponse qui retrace près de quatre décennies de discussions entre les acteurs sociopolitiques haïtiens sous l’intermédiation d’acteurs extérieurs. Au lieu d’une évolution concluante, cette période a plutôt conduit à une dégénérescence de la situation sociopolitique avec la complicité consciente ou inconsciente des acteurs nationaux, jusqu’à un niveau de violence confirmant l’entrée en scène d’un nouvel acteur local, les gangs armés répartis dans et autour de la capitale principalement. Cependant, à l’approche de la date du vote du Conseil de sécurité, un quatrième acteur, la République dominicaine le pays voisin, s’invite dans la mêlée. La situation se complexifie et la confusion se généralise.
Déconstruction d’un imbroglio !
Les observateurs s’accordent à dire qu’après la période de dictature des Duvalier une nouvelle page commence dans l’évolution d’Haïti, car le pays a pris une trajectoire qui le rend plutôt méconnaissable au regard de son histoire. En effet, en 1986, après 29 ans de règne, J.C. Duvalier abandonne le pouvoir à un Conseil national de gouvernement où ce sont les militaires qui assument effectivement le pouvoir politique tout en composant avec des civils dans la constitution du gouvernement. Une nouvelle constitution est votée en 1987. Mais le climat politique profondément marqué pas ces décennies de pouvoir autoritaire tendait plus à favoriser l’emprise des militaires qui, avec la bénédiction de Washington se succèdent au contrôle du pouvoir jusqu’aux élections de 1990. Ces premières élections démocratiques amènent à la tête de l’État le prêtre J.B. Aristide, porté au pouvoir par le mouvement Lavalas d’inspiration de gauche. Accédé au pouvoir en février, son gouvernement subit un coup d’état militaire en septembre 1991. Cet évènements coïncide avec l’effondrement du bloc de l’Est qui ne manquera pas d’entrainer des remous tant dans la géopolitique en général qu’au sein de l’appareil pouvoir américain qui ne fait plus face à une situation de guerre froide dominée par le conflit entre deux blocs géostratégiques. Parti en exil vers le Venezuela, le président Aristide et son gouvernement sera ramené à Washington et le contrôle des négociations avec les militaire putschistes pour le retour du pouvoir constitutionnel sera désormais sous la vigilance américaine nonobstant les différends qui divisent les groupes contrôlant alors le pouvoir aux États-Unis. En 1993, le gouvernement en exil obtient l’imposition d’un embargo tant sur le commerce que sur la vente d’armes à destination d’Haïti. L’embargo commercial a duré deux ans et a entrainé principalement un amenuisement des classes moyennes et facilité le développement de la contrebande. Et en octobre 1994 le président Aristide et son gouvernement en exil sont ramenés et rétablis au pouvoir avec l’accompagnement de l’armée américaine.
Dans la foulée de ce retour le président rapatrié, faute de pouvoir abolir l’armée d’Haïti en tant qu’institution établie par la Constitution de 1987, l’a démobilisée. Après celle de 1915, cette seconde intervention américaine, ouvrait l’ère des interventions multinationales de l’ONU où, au cours des années 2000, une police nationale, la PNH, sera mise sur pied. D’autres institutions seront soit implantées soit réorganisées dans l’idée qu’elles traduisent mieux un état de droit plus conforme à la conception de la démocratie libérale qui était en vogue depuis le credo (des droits de l’Homme et de la démocratie) promu par le gouvernement de J. Carter des USA. Entre temps les problèmes de disparités socioéconomiques et d’injustice sociale qui clivent la société haïtienne ne sont jamais réellement abordés, mais la modernisation-vente des industries nationales et la réduction des capacités de l’État (départ volontaire de la fonction publique) dans la fin des années 1990 aux années 2000 sont implantées avec succès conformément au plan d’ajustement structurel prévu. Cela n’a pas empêché l’instabilité politique de devenir même un mode de fonctionnement de la société haïtienne qui, marquée par une plus forte dépendance externe dans les affaires publiques (élections et autres), ne cesse de dégringoler au point que le séisme du 12 janvier 2010 lui sera fatale : la destruction ne concerne plus seulement le fonctionnement institutionnel, mais imprègne fortement le cadre de vie puisque la Capitale est physiquement détruite. Cette catastrophe qui attira Haïti sous les projecteurs sur le plan international, en plus d’avoir détruit le patrimoine immobilier de bien des familles haïtiennes, a eu un coût humain extrêmement élevé (près de 300 000 morts et disparus) et a mis en évidence le caractère hypercentralisé de la société haïtienne, puisqu’avec la destruction de la capitale nationale c’était aussi la destruction et la mise en arrêt de plus de 70% de la capacité de production du pays. De plus, malgré l’existence d’un bureau de l’ONU avec un représentant du secrétaire général, c’est une nouvelle structure ad hoc américano haïtienne (CIRH1) qui prend en main le contrôle des choses.
Le poids de l’extérieur dans la vie politique et sociale du pays est tel que certaines missions diplomatiques pour se concerter ont créé depuis 2003 le Core Group (réunissant, les USA, le Canada, la France, l’Espagne, l’Allemagne, l’Union européenne, le Brésil et le représentant du secrétaire général de l’ONU) qui est devenu quasiment l’organe décisionnel du pays. Ce qui n’empêche pas les malheurs, comme le choléra jusque-là inconnu sur cette île, de s’abattre sur la population. Comme la dynamique politique est devenue un champ qui n’implique plus seulement les acteurs politiques nationaux, ces derniers se font toujours prendre au piège des élections : irrégularités, contestations et retard ratant ainsi les rendez-vous clés de la passation de pouvoir et les élections pour le niveau des collectivités territoriales qui n’étant pas réalisées créent ainsi l’impasse pour ces niveaux de pouvoir (les mairies et les collectivités territoriales) fonctionnant alors avec des dirigeants nommés plutôt par allégeance au pouvoir en place.
La tenue des diverses élections depuis 2001 connaît des problèmes et ne cesse de dégénérer en conflits. Celles de 2001 ont conduit aux évènements de 2004 et une transition de deux ans sous contrôle des agences internationales et de l’ONU. Pour faire respecter les résultats de celles tenues en 2006, il a fallu la vigilance des acteurs concernés et la mobilisation massive de la population pour arriver à vaincre le coup que préparaient les acteurs internationaux. Quant aux élections de 2010, ce fut l’affront suprême : le masque de légitimité cautionné par les acteurs internationaux vole en éclats ; c’est le secrétaire d’État américain qui s’est personnellement assuré de la modification des résultats du premier tour pour mettre en une meilleure position le candidat désiré, au vu et au su de la population. Les élections de 2015, encore des problème, une nouvelle transition s’impose. Celles de 2016 montrent des irrégularités, il faut reprendre le processus. Mais les gangs armés qui étaient dans une forme de latence peu après leur création en 1994-1995, refont surface vers 2001 dans la vie publique pour prendre, à partir des événements de 2004 marquant l’éviction du président Aristide de l’exercice de son second mandat, un poids remarquable dans la vie politique. Même quand des mécanismes de désarmement avaient été mis en place par le gouvernement de 2006, les gangs refont surface et toujours mieux outillés qu’avant. Le président qui accède au pouvoir en 2017, plutôt novice sur la scène politique haïtienne, verra dès juillet 2018 sa présidence en quelque sorte paralysée et n’arrivera pas à organiser les élections pour remplacer les élus dont les mandats arrivaient à échéance. Cette paralysie du pouvoir atteint le fonctionnement de l’administration au point que toutes les institutions clés du pays, à l’exception de la police, seront bloquées l’une après l’autre, jusqu’à la présidence elle-même avec l’assassinat du président par un commando venu de l’extérieur.
De telles conditions sociopolitiques sont très peu favorables au développement des activités économiques, D’abord, on a vu sans aucun mécanisme d’encadrement apparaitre et s’effondrer tout aussi rapidement les caisses coopératives, achevant d’emporter dans leur gouffre évalué à quelques 2 Milliards de dollars américains les dernières réserves de liquidité des familles haïtiennes. L’amenuisement marqué des opportunités accompagné d’une absence de perspectives a été plutôt propice à deux phénomènes. D’une part, on observe l’exode massif des jeunes diplômés et cadres vers les pays d’Amérique du Sud et d’Amérique du Nord. D’autre part, on constate un important développement des gangs armés dont la représentante du secrétaire général l’ONU va jusqu’à encourager leur fédération. Ces gangs qui sont généralement des bras armés dans la compétition entre les opposants politiques, remplissent également des fonctions dans le contrôle social de la population, de même que dans la compétition entre les acteurs économiques, sans oublier leurs rôles dans les diverses formes de trafics illicites. Cependant, si les gangs armés sont une forme extrême de banditisme aux missions diverses, ils semblent tous avoir une action bien coordonnée qui est celle de verrouiller la capitale Port-au-Prince où ils se concentrent essentiellement et de pourrir la vie des citoyens qui y vivent, par des actions de kidnapping, de viol, de vol, de taxage des commerçants et des transporteurs publics, ainsi que des exécutions commanditées ou sommaires.
Voilà l’historique de l’écheveau qui a conduit à l’effondrement d’Haïti auquel la République dominicaine, sans motifs légitimes ni fondés, autrement que pour mettre encore plus de pression sur la population haïtienne livrée à elle-même, sans autorités légitimes ni armée en exercice, décide dès le 15 septembre de compliquer la situation en créant et en maintenant un climat de menace de guerre par la fermeture totale et la militarisation de la frontière commune avec Haïti peu avant le vote du Conseil de sécurité de l’ONU, autorisant le 2 octobre l’intervention d’une force multinationale.
Que peut-on faire quand l’ONU décide recourir au chapitre VII de sa charte ?
Que peut-on faire quand l’ONU, sur la base de la lettre du 22 septembre2 du PM A. Henry adressée au secrétaire général de l’ONU, recourt au chapitre VII de sa charte, lequel traite des «Actions en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression» ?3
D’abord, ce chapitre VII ne fait aucunement mention du respect des droits élémentaires de la population non impliquée dans les activités criminelles, compte tenu des très mauvaises expériences avec les interventions antérieurs des forces de l’ONU. Encore, ce chapitre VII ne fait part, non plus, d’aucune forme de respect des droits de cette population déjà victime. Or, Haïti, par l’existence des activités criminelles planifiées, organisées et entretenues par ses élites dirigeantes4, est traitée comme une menace à la paix et à la sécurité et la stabilité de la région comme l’indique le seul considérant de la résolution 26995. La population haïtienne et Haïti se trouvent donc ici doublement victimes. D’abord, il y a la trahison de ses dirigeants politiques et économiques pour avoir créé et financé les gangs, comme en témoignent les mesures de sanction du Canada et des États-Unis contre ces personnalités haïtiennes impliquées dans des activités criminelles déstabilisatrices. Ensuite, il y a l’agression de la République dominicaine qui, sous le prétexte de la construction d’un canal d‘irrigation, par ailleurs convenue d’un accord signé en date du 27 mai 2021 avec le gouvernement du président J. Moïse assassiné au pouvoir par un commando venu de la Colombie, décide de fermer unilatéralement toutes ses frontières et contraint les ressortissants haïtiens à retourner chez eux sous peine de représailles ou de rapatriement forcé sans considération humanitaire, tout en déployant ces forces armées le long de la frontière terrestre.
De plus, le Kenya, sans aucune tradition de relations avec Haïti, ayant répondu positivement à la sollicitation des USA, après une valse-hésitation invoquant même la nécessité de l’autorisation du Parlement kényan, prend le commandement de la Force dénommée multinationale qui intervient avec la bénédiction du Conseil de sécurité de l’ONU sans pourtant en dépendre. Et cela en dépit de la division de la société civile haïtienne majoritairement opposée à l’intervention militaire sur son sol. Pire encore, le Conseil de sécurité de l’ONU fait reposer sa décision sur la demande d’une aide musclée d’un Premier ministre d’un gouvernement haïtien qui n’a aucune légitimité puisqu’il est arrivé au pouvoir par un Tweet du responsable d’alors du BINUH6– bureau local de l’ONU. Or, c’est ce même responsable qui, de son côté, avait encouragé la création de la fédération des gangs armés dénommée «G9 An fanmi manyen younn manyen tout»7. Enfin, le Kenya bénéficiera de l’appui des USA avec lesquels il a signé des accords de défense et qui lui garantiront toute la logistique et les munitions nécessaires. Comme ce sont les USA qui donnent les moyens et la protection requis par la partie kényane pour assurer le commandement de cette force d’intervention multinationale, il est plus qu’évident que ce sont eux qui seront les donneurs d’ordres pour régler un soi-disant problème de gangs armés auquel ils ne sont pas du tout étrangers8, même en se cachant derrière les oligarques et le gouvernement illégitime qu’ils soutiennent.
Ce qui rend cette mission sous commandement du Kenya questionnable, c’est la bonne disposition des USA à lui fournir les moyens nécessaires alors que Haïti dispose d’une force de police encadrée, entre autres, par les USA et le Canada, ainsi que d’une force militaire en processus de reconstitution depuis la présidence de J. Moïse. Quel est donc l’enjeu de manœuvrer pour faire intervenir une force étrangère qui n’a de tout évidence pas les moyens logistiques et autres pour assumer la mission9 pour laquelle on l’a sollicité de se porter disponible ? Et cela contre la volonté de la société civile d’Haïti ? Face à des questions aussi décisives pour le présent et le devenir de la société haïtienne, on ne peut s’empêcher de reconnaitre l’évidence.
Il s’agit donc d’une force d’intervention armée multinationale, couverte d’immunité et sans responsabilité pour des actes outranciers qu’elle pourrait poser parce qu’elle n’a pas de compte à rendre au Conseil de sécurité de l’ONU dont elle tient la bénédiction et l’autorisation d’intervenir en Haïti. Alors, si cette force multinationale sous le commandement du Kenya devait dans cette mission commettre n’importe quel acte répréhensible, elle n’aura à répondre de cela à aucune instance et aucune instance ne pourra l’interpeller pour une quelconque mauvaise conduite parce que cette force multinationale n’est contrainte par aucun texte de devoir ou de respect à l’égard de la population. De plus le contenu des accords signés avec les USA ne semble pas être public alors que le fait est étalé et annoncé dans les médias. Dans ces conditions, seule la vigilance renforcée de la population haïtienne pourra lui éviter les méfaits des dix missions onusiennes antérieures (du 2 février 1993 à nos jours) qui n’ont rien réglé d’autre que de la laisser avec plus d’emmerdements…
Le piège des mots : la trappe se referme
Toute l’évolution du côté d’Haïti de 1986 à nos jours avec l’accompagnement des agences bilatérales et de l’ONU apparait comme le développement d’un piège qui, se présentant sous de belles paroles avec de beaux idéaux, se referme sur les acteurs nationaux qui s’y sont engagés en toute confiance dans l’espoir d’y trouver les moyens de faire face à des problèmes qui semblaient être les leurs. Ils ont surtout trouvé des malheurs qui menacent aujourd’hui la survie même de l’entité qui fonde leur existence en les plaçant devant les choix suivants : se plier, l’exode ou se battre pour redresser la situation. Quel sera le choix des Haïtiens ?
Références
• Bayas Luckner, «Les actions destructrices de la représentante de l’ONU, Helen Meager Lalime, en Haïti»
• Boisrond Frédéric, «Le Canada adore son bandit légal», Boukan News, 13 septembre 2023
• Denis Jean Garry, «Versons de l’Eau, lavons les souillures de Madame Lalime en Haïti», Listin Diaro, 20/03/2023
• Geffrard F.B, «Le chef de la police haïtienne accusé de connivence présumée avec un puissant chef de gang «recherché» par la police…», RHI NEWS, 27 juillet 2023
• Georges E. Lucien, «Gangstérisassions d’Haïti : Du contrôle territorial au démantèlement des mouvements populaires» (complicité des élites et du Core group)
• Global initiative, «Les Gangs en Haïti : Extension, pouvoir et aggravation de la crise», Octobre 2022, www.globalinitiative.net
• La Rédaction, «L’actrice principale du Film d’horreur d’Haïti va partir…», (haitinews2000.net), 21 mars 2023
• Lederer Edith M., «Rapport de l’ONU : des armes modernes sont passées en contrebande en Haïti depuis les États-Unis» https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/toc/Haiti_assessment_UNODC.pdf
• Lettre ouverte aux membres du Conseil de Sécurité de l’ONU, signée le 12 septembre 2023 par des représentants de 77 organisations de la société civile haïtienne.
• Lequotidien509, «Haiti : Les sanctions canadiennes fragilisent la SOGEBANK», (lequotidiendhaiti.com) 26 juin 2023
• Rezo Nodwes, «Haïti : Les gangs passés «au service d’Ariel Henry» redoublent d’efforts pour influencer le Conseil de Sécurité, selon le leader des droits humains, le Dr. Josué Renaud», Rezo Nòdwès, 28 septembre 2023
• Saint-Vil Jean, «Quel changement peut apporter pour Haïti une mission de maintien de la paix demandée avec insistance par le gouvernement d’Ariel Henry ?», Le National, 29 juin 2023.
• Satellite509, «Gangs et Corruption : Le Canada sanctionne Marc Antoine Acra, Carl Braun et Jean Marie Vorbes, mais protège-t-il Dimitri Vorbe et Reginald Boulos ?», Satellite509
• Trouillot Lyonel, «Helen La Lime, la politicienne étrangère à avoir fait le plus de mal à Haïti»
• Victor Gary, «Carrefour-Feuilles, sera-t-il la preuve finale d’une ignominieuse complicité de responsables gouvernementaux, d’une frange de la hiérarchie de la PNH et de dirigeants de ladite opposition avec les gangs ?» (page Facebook de l’écrivain 7 août 2023)