30 avril 2023

par Maria Poumier

La saillie inattendue du rappeur Maître Gims a provoqué un torrent d’insultes de la part des discoureurs français. Négationniste, s’est écrié sur CNews Mathieu Bockcoté, au bord de l’apoplexie ! La semaine dernière les plus conformistes et les plus rétifs, parmi les journalistes, se sont retrouvés à l’unisson dans la vitupération.

C’était assez drôle, de la part de pas mal de gens classés « extrême-droite, complotiste », voire « négationniste » et j’en passe.

Apparemment, pas un journaliste blanc ne s‘est demandé d’où Maître Gims avait bien pu sortir l’idée que les Égyptiens maniaient l’électricité du haut de leurs pyramides, et que cela relevait d’un passé glorieux pour toute l’Afrique. Jeune Afrique nous renseigne un peu, mais s’empresse de condamner le chanteur, mis dans le même sac que différents complotistes (déjà réhabilités, pour certains, d’ailleurs).

Le moment est très intéressant pour poser les cartes sur la table, et s’interroger sur la pertinence et l’origine des insultes en termes de négationnisme blanc ou noir.

Qu’est ce que le négationnisme en 2023

Un Français blanc normal, qui marche et mange dans les clous, appelle négationniste celui qui conteste un droit confusément divin de certains juifs à dicter l’histoire officielle, au moins occidentale, dite « vérité historique ». En anglais, on a un terme plus honnête et précis : négateur d’Holocauste (Holocaust denier). L’interdit ne devrait donc concerner que la question du rôle des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Mais on constate que se trouvent ostracisés de plus en plus de penseurs, toutes disciplines confondues, et d’historiens. Au moment de la promulgation de la loi Gayssot, en 1990, cela ne concernait pas grand monde, juste un petit nombre de gens parfaitement convaincus que l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale était falsifiée, mais qui étaient déjà, de fait, à peu près muselés par le dégoût des autres, les tribunaux, les risques pour la santé.

Or en 1996, coup de théâtre, l’internet s’installe dans les ordinateurs des particuliers, et surgit un site monumental, l’AARGH « Association des Anciens Amateurs de Récits de Guerre et d’Holocauste ». Aux États-Unis, on a l’équivalent, CODOH, puis bientôt dans d’autres langues. Toutes les recherches révisionnistes y deviennent accessibles en ligne. À partir de 1995, la curiosité atteint le monde arabe, avec l’ouvrage de Roger Garaudy, « Les mythes fondateurs de la politique israélienne ». L’auteur ne demande pas à toucher de droits d’auteur. Son éditeur est Pierre Guillaume, militant de gauche intrépide. À partir de là, la « gayssotine » tourne à plein régime, la censure atteignant des sommets maintenant sur internet.

En fait, depuis 1996, et la diffusion torrentielle des raisonnements de ces marginaux sur internet, en de nombreuses langues, les « négationnistes » sont devenus largement majoritaires, non seulement dans le monde arabe, mais bien au-delà, chez les jeunes curieux d’histoire européenne. Il ne reste plus guère que ceux qui s’agrippent à leur carrière, et de vieux boomers, assis sur certains honneurs médiatiques, pour participer, mais  mollement, dans le combat contre le « négationnisme » de l’Holocauste antijuif. En fait chaque initiative publique pour forcer les gens à renouveler leur allégeance à l’histoire officielle suscite un effet Streisand remarquable. Même le président Biden a mis les pieds dans le plat, en déclarant de façon intempestive que l’Holocauste avait bien eu lieu… dans un contexte où personne ne risquait d’affirmer le contraire.

Dernière onde de choc, alors que le gouvernement israélien exigeait le report d’une date de débat au sujet de la Palestine à  l’ONU pour qu’il ne pollue pas sa fête nationale, voilà que Poutine, à la tête du Conseil de Sécurité, manifestait avec fracas son indifférence à cette prétention israélienne.

D’ailleurs le terme négationnisme était en voie de disparition dans la langue médiatique, à bas bruit, remplacée par les termes tout aussi injurieux, mais présentant l’avantage de détourner l’attention des mystères de la Seconde guerre mondiale. Maintenant on dit complotiste, ou, plus vaguement encore, extrême droite, pour discréditer n’importe qui, et cela suffit comme anathème, dans certains milieux du moins.

Pourquoi traiter les Africains de négationnistes ?

En règle générale, les Africains se gardent bien d’entrer dans le débat des Européens sur l’Holocauste, estimant qu’il y a des gens qui mentent à toutes les époques, surtout les puissants, et que ce n’est pas leur problème, ils ont assez de mal à faire reconnaître leur propre histoire.

Or voilà que l’Afrique s’avise de s’immiscer dans l’histoire officielle selon les autorités européennes, et, si les historiens respectables n’ont jamais prêté la moindre attention aux argumentations des gens de couleur sombre, la résonnance de l’internet, augmentée par youtube, la musique, les jeunes et la popularité des artistes, et multipliée sans limites sur les réseaux sociaux, oblige les autorités médiatiques de tout bord à commenter la moindre saillie des stars, y compris noires. Après David Chapelle et Kanye West, l’humour noir et le sport noir, voilà la musique noire qui déchaîne la tempête. La popularité, c’est magique : des millions de gens découvrent à la fois les sujets interdits, le prix à payer pour le courage, et le refus de toute confrontation d’opinions de la part des censeurs.

Mais quel rapport entre la contestation de certains points de l’histoire du la seconde guerre mondiale, et l’histoire de l’Antiquité africaine ? Est-ce que par hasard ce sont des juifs qui interdisent certains raisonnements concernant l’Afrique ? Faut-il remonter au thème biblique de la malédiction de Cham pour comprendre d’où vient le barrage ? Ou tous les intellectuels blancs qui ont un public blanc sont-ils des racistes invétérés, même s’ils s’en défendent, des crétins butés, et les historiens afrocentristes noirs auraient bien raison de les conspuer à leur tour ?

Y aurait-il depuis la nuit des temps une immense guerre spirituelle entre juifs et Africains ? Et les blancs non juifs mais très attirés par le pillage des ressources de l’Afrique auraient-ils adopté massivement le mépris rageur des anciens Hébreux, éternellement attachés à leurs mauvais souvenirs de l’Égypte pharaonique ?

Hegel était très clair à ce sujet :

« Le nègre représente l’homme naturel dans toute sa sauvagerie et sa pétulance ; il faut faire abstraction de tout respect et de toute moralité, de ce que l’on nomme sentiment, si on veut bien le comprendre » (« Introduction particulière aux Leçons sur la philosophie de l’histoire », 1822-1823, éd. Librairie Vrin 1963). Il plaçait les Africains tout en bas de la hiérarchie naturelle des races, exactement comme dans une certaine tradition juive, pour justifier les négriers ; tandis que Hegel plaçait, cela va de soi, les Allemands tout en haut, et sa vision rationaliste, dite « universelle », du monde encore au-dessus. C’est un exemple paradigmatique de la concurrence-connivence au sein des élites européennes pour s’arroger la première place.

Les Grecs admiraient au contraire la civilisation égyptienne

Ils s’en considéraient redevables, et ne distinguaient pas ce qu’ils devaient à l’Égypte ou à d’autres pays de sa périphérie : c’était un fabuleux héritage. La tradition populaire qui, à partir du texte des Évangiles, fait accourir à Bethléem les trois rois mages, soutient que Balthazar était noir et Africain. Cette même tradition explique la présence du bœuf et de l’âne dans la Crèche de la Nativité « parce que, contrairement aux juifs, eux ils avaient reconnu le Sauveur ». Par conséquent, c’est le génie évangélique qui s’est posé sur ces bêtes de somme, et c’est le peuple des chrétiens fidèles qui doit se reconnaître, dans le paradigme de l’âne ou du bœuf, deux êtres humiliés, non par la nature, mais par d’autres hommes qui se servent d’eux parce qu’ils les considèrent comme des inférieurs, « esclaves par nature ».

Un simple atavisme ?

Bref, nos plus ou moins historiens blancs sont dans une position inconfortable : se voulant héritiers du judaïsme en vrac, ils regardent de très haut, instinctivement, les Africains, et sont ataviquement attentifs à « la voix de leurs maîtres » ; ils vont qualifier de négationnisme tout ce qui ébranlerait le moins du monde le sentiment de supériorité absolue de générations de juifs influents, et ils adoptent instinctivement leurs malédictions. Ce faisant, ces gens de culture chrétienne ne se rendent pas compte qu’ils se dévaluent aux yeux des Africains, comme valets de ces mêmes juifs. Un intellectuel dit négationniste a une espérance de vie sociale de quelques mois, quelques années tout au plus. Une star noire perd en quelques heures ou quelques jours tous ses millions.

Et c’est là que l’Afrique éclate de rire bruyamment

Car ils constatent la petitesse de tous ceux qui appliquent aveuglément le principe de blanchitude. Alors que la médecine redécouvre les trésors de la médecine africaine, stigmatisée pourtant comme sorcellerie, chose maléfique, archaïque et anti-scientifique, alors que les plus grands dirigeants politiques consultent des mages africains, tel le président Chirac ou d’innombrables éminences latino-américaines, alors que l’Afrique impose son génie dans le sport et la musique, contrairement à tous les pronostics européens jusqu’à Hitler, l’Afrique pratique son art martial secret : le piratage des âmes, la manipulation mentale par la séduction, l’intimidation jubilatoire, tout ce que recouvrent et cachent les pratiques d’envoûtement, qui sont une forme d’ingénierie sociale par l’emprise des sentiments, avec virtuosité.

Ces temps-ci, les historiens dans les clous se voient malmenés par les archéologues, qui remettent en question leurs généalogies et chronologies. L’enjeu du récentisme, c’est le degré de vérité et de falsification délibérée qui habite les sciences du passé. Mais la dispute ne s’arrête pas là. Au XXe siècle, les ethnologues ont largement gagné la guerre contre les progressistes qui prétendaient contrôler totalement l’histoire de l’humanité, vue comme ascensionnelle et blancoïde. On recule de plus en plus loin les origines et la variété des modalités humanoïdes. Le penseur catholique José Lezama Lima, Cubain, imprégné de Spengler et de son principe réaliste selon lequel l’histoire des civilisations est cyclique, a réhabilité l’Amérique latine et sa façon d’intégrer les sagesses de trois continents, avec le concept d’espace gnostique, qui vaut pour l’Afrique comme pour les autres continents.

Avec sa mythologie haute en couleurs, dans les langues nahuatl et maya, même si nous n’en avons pas encore de preuves selon les critères de la science, ni de chronologie définitive, l’Amérique centrale préhispanique décrivait cinq créations successives d’humanité, s’effondrant par leur propre incapacité à « louer Dieu » (ce qui ressemble tellement à ce qui nous arrive en Europe, en ce moment). On réhabilite les traditions chamaniques de chaque continent, on perçoit leur universalité : il ne s’agit plus de survivances « prélogiques ». La physique s’est faite quantique, autrement dit obéissante au « système poétique du monde », et la médecine y vient à son tour. Il faudra bien appliquer la prudence respectueuse aussi à l’Afrique, un jour ou l’autre, y compris quand ce sont des Africains qui font entendre leur voix sur leur passé.

Un bastion d’irrationalité européenne

Reste à ébranler le bastion du rejet systématique de la pensée africaine, de l’idée même que les Africains sachent penser en savants, avec logique et preuves à l’appui, comme tout le monde. On brandit pour se dédouaner Aimé Césaire et Senghor comme de grands esprits inventeurs de la négritude mais aussi virtuoses de la langue français et  respectueux de l’esprit français, afin d’évacuer l’accusation de mépris raciste, mais il n’est pas question d’aller voir plus loin derrière ces figures de proue, considérées de fait comme l’exception (qui confirmerait la règle de la subhumanité subsaharienne). Les intellos de droite, en France, sont particulièrement caricaturaux dans leurs réflexes colonialistes, leur ignorance et leurs oeillères.

La reconnaissance de la civilisation noire

En Amérique latine la pensée noire s’exerce et imprègne toute la population : mythologie, recours aux guérisseurs de l’âme et du corps, folklore et rituels du quotidien, parcours initiatiques. La philosophie africaine contourne l’écriture alphabétique depuis toujours, elle continue, comme au temps de Platon, à s’élaborer par le verbe en débat oral, en tant que maïeutique, et à se transmettre par l’initiation, de maître à disciple, avec des secrets inviolables et des mystères mis en scène. Ce qui rend le débat public difficile, mais le syncrétisme vivant et créatif, dans la pratique.

De façon souterraine, quoique jaillissante comme un geyser à l’occasion, dans l’inspiration d’un rappeur, la pensée noire inonde bel et bien les contrées les plus blanches. C’est un jésuite allemand et orientaliste qui découvrit la profondeur de la communication qu’établissent les hiéroglyphes égyptiens, Athanase Kircher ; c’est un archéologue Allemand qui établit les liens entre la mythologie yorouba et la mythologie grecque, postérieure, Léon Frobenius. « Black Athena » (2001), c’est le produit des recherches d’un Anglais fils d’un égyptologue anglais, Martin Bernal. Ce sont donc bien des Européens qui ont, en Europe, fait grandir la perception de l’Égypte comme civilisation noire ayant présidé au « miracle » grec. Ces hérétiques restent furieusement dénigrés.

À leur tour, mais avec une férocité accrue, le Sénégalais Cheikh Anta Diopet tous les archéologues africains sont vilipendés parce qu’ils disent et répètent ce qui crève les yeux : les corps magnifiques de la statuaire classique égyptienne sont des corps incontestablement et racialement Nubiens ou Éthiopiens, aux traits adoucis par un métissage léger, mais au squelette et aux idéaux esthétiques africains. L’afrocentrisme est un recentrage nécessaire pour avancer dans la recherche historique honnête, d’où qu’elle vienne, mais fait l’objet d’un éreintage constant dans la bibliographie française. Les Haïtiens, Guadeloupéens (Jean-Philippe Omotoundé) et Martiniquais (René Louis Parfait Étilé), produisent pourtant des travaux d’égyptologie remarquables, en français, après Anténor Firmin, qui argumenta contre le comte de Gobineau, et publia dans le cadre de la Société d’anthropologie dont il avait été élu membre un texte fondateur, « De l’égalité des races humaines » en 1885, réédité par les éditions L’Harmattan en 2004 seulement.

Le biais idéologique

L’afrocentrisme est condamné comme un négationnisme impardonnable par la bienpensance française, alors qu’il a une énorme audience aux États-Unis et en Afrique, naturellement. Ainsi « Pour le politologue Rudy Reichstadt de Conspiracy Watch, l’afrocentisme ne consiste qu’à « remplace[r] un mythe raciste par un autre », mais ces théories conspirationnistes « remplissent une fonction consolatoire…, flatteuse…, face à la complexité du monde… [et] à une réalité difficile à assumer », avec le passé colonial et la « réalité déceptive » contemporaine du continent africain ou de la condition des afro-descendants aux États-Unis. Pour lui, ces thèses et leur succès accélèrent « une montée de l’obscurantisme » sans aider en quoi que ce soit la cause des populations défavorisées », publie wikipedia.

Mais la messe n’est pas dite, le biais idéologique est cousu de fil blanc, les invectives insultantes montrent qu’on est dans le champ de la propagande de guerre ! Et bien des chercheurs qu’on cherche à ignorer savent que le terrain est miné par la fourberie institutionnelle, et ils poursuivent discrètement leurs enquêtes selon les méthodes scientifiques recommandées, dans un horizon strictement matérialiste. Personne n’aurait l’impudence de prétendre avoir résolu les mystères qui entourent les pyramides du monde entier, et leurs relations entre elles. On en est à des conclusions très partielles et très provisoires, pour ce qui relève de la protohistoire, dont les limites chronologiques et conceptuelles avec la préhistoire et l’histoire tout court ne cessent d’évoluer, au fur et à mesure que les cultures sans écriture révèlent leur richesse spirituelle, mais aussi matérielle.

Le problème du wokisme

Nombreux sont les carrefours biographiques où les excès de vitesse peuvent vous engager dans des voies sans issue, voire suicidaires. Par exemple Tristan Mendès France (selon Rivarol.com, n°3553, du 26 avril 2023) se croit obligé de persécuter les négationnistes de l’Holocauste parce que son grand-père du même nom a une rue à Jérusalem, et qu’il est révéré là-bas comme un héros juif. Mais il est aussi le neveu de Frantz Fanon, et il ne peut pas condamner les « négationnistes » noirs, parce qu’il sait qu’ils ont dénoncé et déjoué les escamotages honteux des africanistes tenants de la blanchitude, alors que ce sont eux qui sont en train de faire l’avenir.

Où se situe le wokisme, qui choque par l’amalgame de plusieurs thèmes autour des revendications de reconnaissance noire ?

Le wokisme est un réflexe de survie blanc, face à la marée de profondeur noire qui n’a cessé de monter des États-Unis au fil des siècles. Les wokistes blancs n’ont nullement l’intention de renoncer au pouvoir culturel de la gauche, et au pouvoir que donnent certains juifs de gauche intimidants, quand ils font agenouiller des jeunes jusqu’à Paris au cri de Black Lives Matter. C’est bien étudié là-bas, ce sont des juifs éminents qui orchestrent la mouvance woke, cette dynamique ne part pas des noirs, qui aimeraient infiniment mieux, au contraire, en finir avec les barrières idéologiques érigées sur les différences d’apparence physique. Il est hors de question, dans l’univers woke, d’aller trop loin dans la recherche des relations historiques entre juifs puissants et noirs indociles, c’est pour bloquer ce sujet que se créa en 1913 l’Antidefamation League, lors de l’affaire Leo Frank, cas unique aux États-Unis d’un juif lynché, et ce, par ses concitoyens blancs (pour ses injustices envers ses ouvriers noirs).

Or le wokisme est une dynamique grotesque, non seulement parce qu’elle se déguise en amour des noirs pour tenter de cornaquer les plus rebelles, blancs et noirs, mais parce qu’elle marche sur la tête, et avec plusieurs pattes folles, inconciliables. Seuls des psychopathes obsédés par la perte de leur pouvoir d’intimidation qui a été effectivement immense au XXe siècle, « le siècle juif », ont pu concocter un plan de persuasion aussi étranger à la logique vitale du monde entier : marier dans leur propagande les efforts pour imposer l’homosexualité comme normalité, avec un néoféminisme monstrueux, et celui-ci avec le transgendérisme qui en est l’antipode, tout en rendant principiel l’antiracisme, qui ne peut prendre rang de pilier de tout l’édifice que sur le sous-sol des catégories raciales, la croyance au dogme matérialiste de la race comme barrière (remplaçant la foi, seule capable de faire fondre les barrières).

L’Afrique n’a jamais été raciste, rien dans ses créations mythologiques ne relève du rejet physiologique des autres types de l’humanité. Mais jamais elle n’acceptera l’homosexualisme forcené et autres aberrations essentialisant des bizarreries du bas ventre qui enflamment particulièrement les penseurs juifs ayant une aura de puissance relative, de Sigmund Freud à Yuval Hariri.

Covid et lucidité

Prenons un exemple récent de lucidité africaine : elle a immédiatement perçu l’intox menaçante relevant de la sorcellerie  blanche venimeuse, autour du covid, et a rejeté massivement le supposé vaccin. Les Guadeloupéens ont été à l’avant-garde de la résistance contre l’intoxication par la panique covidiste et le terrorisme vaccinal : cela n’a pas eu de prise chez eux, et la répression, la perte d’emplois et d’audience, ils les ont assimilées tout naturellement. Les Antilles en général savent nous rendre assimilables l’intelligence et la sagesse africaines.

Cela devrait redonner confiance même aux aveugles qui se croient tenus de vitupérer contre la diffusion du « négationnisme » noir : à côté des fausses hostilités et rancunes qu’on veut nous imposer, la connaissance, qui augmente avec la technologie, continuera de saper les certitudes bancales de ceux qui les croient indispensables pour consolider leur piédestal. Le doux métissage des corps et des âmes, et les droits du talent, continueront de rétablir la santé mentale naturelle, même chez les blancs torturés jusqu’au suicide collectif.

La pensée noire rebelle nous sort de l’impasse, en nous apprenant à cultiver, comme les Noirs le font depuis que leur déportation massive a commencé, à l’aube de la mondialisation, la loyauté au carré envers notre histoire et notre territoire : désormais, par leurs parents ou par leurs en­fants, la plupart des gens drainés par la modernité s’enracinent dans deux contrées à la fois : l’une, où l’on réside, l’autre, dont on a la nostalgie ou le désir lancinant, à laquelle on donne la puissance de ses rêves. Certains pays très pauvres reçoivent plus de devises de leur population chassée par la misère que de leurs productions locales (ce sera peut-être bientôt le cas en France). Et leurs émigrés sont plus dynamiques, dans leur pays d’accueil, que les parents restés au pays et que les voisins qu’ils bousculent. Ce n’est pas la disparition de l’identité nationale des pays blancs qui est à redouter ; l’identité nationale nous est donnée par l’esprit des lieux, et elle échoit également aux nouveaux Européens et à ceux qui se sentent la souche. C’est la tentation d’évacuer l’angoisse en édifiant des murs dérisoires contre les « sub-Sahariens » et autres négationnistes de tout poil qui constitue le danger, qui rend d’ores et déjà fragiles ceux qui se conçoivent comme les « sur-Sahariens » au-dessus de la masse. Il est temps de relire Frobenius et de retrouver l’espérance.1

Maria Poumier

source : Entre la Plume et l’Enclume

  1. Rappelons l’aspect révolutionnaire des hypothèses de Frobenius: « l’idée du Nègre barbare est une invention européenne qui a, par contrecoup, dominé l’Europe jusqu’au début de ce siècle », affirmait-il en montrant des traces de l’existence d’un réseau culturel qui relie les Etrusques, la mythologie grecque, l’Afrique occidentale, et l’Océanie. Ce qui aboutissait à imputer entièrement à l’Europe la décadence de l’Afrique, et à inverser le concept de primitivisme en dégénerescence, par l’action de facteurs principalement externes. Sa vision diffusionniste, mettant sur un pied d’égalité les créations religieuses asiatiques, hellénistiques, et l’aire yorouba, le conduisait à ressusciter l’Atlantide, comme unité atlantique réelle reliant les côtes de la Méditerranée et du golfe de Guinée, à une époque vertigineusement reculée, et donc nullement comme continent fantastique submergé à l’ouest, mais comme l’arrière passé commun à l’Europe et à l’Afrique, antérieur à la Grèce classique, englouti par l’oubli, et l’ethnocentrisme d’une historiographie blanche odieusement sélective. Dès la parution de ses premiers travaux, en 1898, il avait été rejeté par l’Université de Berlin, le seul modèle admis comme scientifique à Berlin comme dans tout le monde blanc étant évolutionniste. En 1910, cet helléniste et homme de terrain formé par l’archéologie, publiait le « Décaméron noir », recueil de récits comportant une dimension héroïque marquée, inspiré par l’Afrique intérieure. En 1912, « Et l’Afrique parle », et en 1921, « Paideuma, esquisse d’une culture et de son âme ». Puis, de 1925 à 1929, douze volumes réunis sous le titre « Atlantis, contes et poésies populaires d’Afrique ». C’est seulement en 1932 que l’Université de Francfort le nomma directeur de l’institut d’études africaines. En 1938, l’année de sa mort, il découvrait à Ifé, capitale légendaire du royaume du Bénin, treize têtes de métal, fondu et travaillé avec un extrême raffinement, lui permettant de réaffirmer l’origine méditerranéenne de l’univers yorouba. …

    Frobenius était lyrique :

    « Combien il nous est difficile (ou impossible) de sentir en notre âme tout ce qu’était la puissante Ilion. Comme sortant de sombres brumes nous voyons s’élever dans le lointain le tableau qu’en a donné le créateur de la poésie épique. Nous le réalisons dans notre esprit, mais il reste insaisissable. Cependant nous avons trouvé encore vivants dans l’Afrique occidentale les temps précurseurs de ce qui fut la plus antique civilisation grecque en tant qu’événement historique. La conception des seize dieux, reconnaissable comme reflet d’une idée cosmique, est encore conservée ici dans l’organisation de la société. La vie de l’individu, moulée sur les conceptions et les nécessités d’un ensemble, apporte au chercheur, par tradition orale, les mythes, et par le mobilier domestique, les documents. Et cela comme choses allant de soi, vivantes encore, alors que les souvenirs mêmes de tout cela ont disparu depuis longtemps dans notre histoire à nous et dans ce que nous savons de notre passé. Voilà ce qu’est pour nous l’Atlantide ! […] C’est en cela que se trouvent pour nous le sens et l’importance de ces choses. Dans cette partie du monde, l’Afrique, nous trouvons encore vivantes des civilisations dont, chez nous, nous n’extrayons au cours de nos fouilles que des tessons et des débris incompris. Mais là-bas elles vivent encore, et elles parlent. Elles ne parlent pas seulement avec la bouche, elles parlent avec l’âme, comme des êtres vivants. Elles parlent à tous ceux qui ont une âme et qui ne sont pas comme ossifiés par leur intelligence et la technique de l’intelligence. Heureuse époque que la nôtre à qui il a été donné de faire intérieurement cette expérience grandiose. Atlantide, antique Atlantide, je te salue » (in « L’Atlantide », Préface, éditions du Rocher, 1994.