13 février 2024, 10:44 pm

Myrtha Désulmé ...

Par Myrtha Désulmé

 

En réponse à la Note de Presse éhontée du 28 janvier, 2024, provenant du “gouvernement” de facto, nous remercions la Haute Cour du Kenya de ne pas avoir accepté de violer les Constitutions kenyane et haïtienne pour appuyer un gouvernement criminel et illégitime qui n’a pas le statut pour requérir la soi-disant “mission d’appui à la sécurité”. On suit l’évolution du dossier et on s’attend à ce que la Cour suprême fasse de même. On demande aux nombreux pays qui se sont manifestés pour participer à la mission de ne pas se laisser prendre au piège pour servir de pions dans les machinations de ceux-là mêmes qui sont à la base de la violence et qui arment les gangs pour perpétrer un génocide contre le peuple haïtien. Nous les citoyens, invitons le gouvernement à cesser son jeu cynique et macabre qui consiste à armer les gangs pour terroriser et réprimer le peuple haïtien pour l’empêcher de manifester contre un gouvernement corrompu, criminel, absent, et démissionnaire, qui ne fait qu’enfoncer le pays dans l’abîme de la famine, des crimes de sang, des viols collectifs, et des kidnappings devenus monnaie courante. Nous sommons le “gouvernement” de facto d’arrêter d’imposer ce peyi lok pour permettre aux enfants d’aller à l’école, au commerce de fonctionner, et à la population de vaquer librement à ses occupations, ou dégager.

KINGSTON, mardi 13 février 2024-Le serment d’Hippocrate, qui fonde la déontologie médicale et sert encore de guide d’éthique a tout médecin qui se respecte est Primum non nocere, “D’abord, ne pas faire de mal”. Il est donc choquant de constater qu’un médecin si admiré et si respecté puisse se métamorphoser en dictateur et devenir l’incarnation même du mal pour les Haïtiens? Que vous est-il arrivé, Dr Henry? Qu’est ce qui a causé cette chute vertigineuse ? Votre compère, le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, a récemment fait état de 5000 morts et de 2500 personnes kidnappées l’année dernière. Et il ne parlait que des victimes connues. Pas de celles qui ont juste disparu et dont les corps ont été jetés dans les ravines. Combien de gallons vous faut-il encore pour abreuver votre soif du sang de vos compatriotes ? Combien de fillettes subissant des viols collectifs ? Combien de corps décapités et calcinés servant de repas aux chiens de la rue? Combiens de centaines de milliers de victimes devenues réfugiées dans leur propre pays, dormant dans les rues, sous les ponts, sur les places publiques, et dans les cimetières, en proie à la terreur de vos terroristes qui ont incendié leur quartiers et détruit leur domiciles? Combien de familles ruinées par les rançons démoniaques? Combien vous faut-il pour vous satisfaire ou satisfaire vos maîtres? Au moins les Nazis eux gardaient des registres. Ou est-ce que les chiffres vous sont insignifiants? Que périsse la république pendant que vous et vos acolytes voyagez, prenez du bon temps, et vous enrichissez aux dépens du peuple haïtien qui crève sous les ordures, la famine, et la terreur; peuple que vous avez l’audace de prétendre représenter devant les bourreaux qui téléguident votre dépravation. Votre œil est sur le moineau à l’autre bout du monde. Aucun d’eux ne peut tomber sans que vous ne vous empressiez de tweeter votre désolation, pendant que vous n’avez jamais démontré le moindre brin d’humanité pour l’hécatombe que subissent vos compatriotes, que vous et vos patrons avez mis dans un étau, dont vous vissez quotidiennement les boulons pour continuer à les torturer.  Vous pataugez dans une marée de sang dans un cimetière à ciel ouvert, et vous vous y complaisez, sans vous rendre compte que ce sang est le vôtre! Êtes-vous capable de dormir la nuit, Dr Henry? Vous avez accepté de devenir l’esclave d’une bande de petits diplomates minables et véreux, des blan mannan, qui se servent de vous et vous mènent par le nez pour détruire votre patrie, cette grande nation qui a fait l’histoire, et ce faisant vous avez perdu votre âme. Vous qui étiez la fierté de votre famille, la fierté des jeunes médecins que vous avez formés, la fierté des patients que vous avez soignés gratis, la fierté de la nation reconnaissante, en êtes devenu la honte. Vous avez souillé et couvert d’infamie le nom de vos ancêtres, ainsi que celui de votre progéniture, et l’histoire ne vous absoudra pas.

Peuple Haïtien,

Vous qui avez inventé les droits de l’Homme

Vous qui avez été la lumière des nations

Vous qui avez libéré le monde du fléau de l’esclavage

Vous qui avez décrété l’égalité des races humaines

Vous de l’inédite épopée et du patrimoine majestueux

Vous Peuple éternel, vous êtes indestructibles !

Vous êtes le plus grand peuple que l’histoire ait jamais connu. Vous avez fait la seule vraie révolution. Contrairement à vos voisins, votre liberté ne vous a pas été octroyée. Vous l’avez conquise pour les noirs du monde entier. Sans vous, la moitié  du monde trainerait encore des boulets aux pieds. Mais au lieu de la reconnaissance, du rayonnement, et de la gloire que vous méritiez, et que vous auriez reçu si vous étiez blancs, vous avez été condamnés à la persécution perpétuelle pour avoir porté atteinte à l’ordre économique mondial qui reposait sur le fléau de l’esclavage. Eh bien, chers compatriotes, cette révolution il faudra la refaire.  Il faudra piocher une fois encore dans cette inépuisable force pour notre renaissance, car les ennemis que nous confrontons sont les mêmes que nos ancêtres ont combattu, qui essaient inlassablement de renverser cette magnifique victoire ! La bible nous dit que les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers. Ce que nos ancêtres ont fait, nous le referons. Quand on abattu le tronc de notre liberté, l’irréductible Toussaint L’Ouverture, il jura à ses ravisseurs que la liberté repousserait par ses racines. Vous êtes ces racines profondes et nombreuses sur lesquelles comptait Toussaint.

Dans un monde ou règne les ténèbres et les forces du mal, tout a été mis en oeuvre pour anéantir votre flamme. Ils ont cherché parmi nos propres fils pour trouver les plus infâmes, les plus ignobles, les plus vils, et les plus corruptibles pour faire leur sale besogne à leur place, pendant que des millions d’Haïtiens intègres, patriotes, compétents, sages, et intelligents, qui ont contribué à la construction de toutes les nations du monde, sont empêchés de mettre leur savoir et leur amour au service de la nation qu’ils portent dans leur âmes comme une blessure inguérissable. Ce CORE Group méprisable et leurs patrons, qui encadrent les fossoyeurs de notre nation, se sont donné une mission impossible. Ils croient pouvoir détruire cette nation indestructible. Papa Dessalines nous avait pourtant prévenu que si ces peuples bourreaux trouvaient un asile parmi nous, qu’ils seraient encore les machinateurs de nos troubles et de nos divisions. Comme disait Boukman, leurs dieux ont soif de nos larmes.  Oui, on assume, le passé est devenu notre patrie, car nos ennemis nous ont volé notre présent. Mais, nous rebâtirons notre pays, et nous renaîtrons de nos cendres.

Vous, Jeunesse martyre, qui dans un geste de désespoir pour fuir cette nation qui a sacrifié vos rêves et votre avenir, et vous refuse même le droit à la vie, déferlez sur l’hémisphère telle une vague de détresse, vers des cieux incléments, pour vous heurtez au racisme, aux préjugés, et à la haine que vos bourreaux vous ont déjà preparés, ne perdez pas l’espoir dans cette vallée des larmes. Sachez que la souffrance injustifiée est rédemptrice. Malgré nos tribulations dans le désert de la désolation, ayez foi que nous l’atteindrons notre terre promise. C’est quand l’aube pointe qu’il fait le plus noir.

Après 11 ans de cette catastrophe dénaturée nommée PHTK, qui a dévalisé nos maigres ressources, et systématiquement détruit toutes les institutions du pays pour rester au pouvoir indéfiniment sans faire d’élections et “gouverner” par décret, le Président Jovenel Moïse fut assassiné. Suite à cet assassinat crapuleux, un usurpateur de facto fut choisi pour nous asséner le coup de grâce. D’honnêtes citoyens, écœurés par tant de déliquescence, prirent leur courage à 2 mains et s’évertuèrent pour trouver une solution. Ils essayèrent de ramasser les morceaux de la nation brisée, afin de sauver le pays de la catastrophe orchestré par le fléau PHTK, pour éviter le naufrage de la barque nationale. Ils prirent leur baton de pèlerin pour parcourir le pays, engager les forces vives de la nation, rencontrer et dialoguer avec des Haïtiens de tout acabit, de toutes classes sociales, de tous les secteurs de la société civile, de toutes les tendances politiques, pour rassembler le peuple souverain autour du grand projet national de reprendre le destin de notre pays en main. Ils rédigèrent un Accord et une feuille de route exemplaires pour guider la nation dans une transition saine et ordonnée, qui romprait avec la corruption et les mauvaises pratiques, et mènerait à des élections transparentes, inclusives et démocratiques. L’imposteur de facto qualifia leur effort de “jwèt tè”. Pendant que lui s’enfermait à huis clos avec ses acolytes pour bâcler en 2 jours des plagiats de soi-disant “Accords” qu’ils publièrent dans le Moniteur, la gazette de la République qu’ils n’ont cessé de profaner en y publiant des Accords bidons, qu’ils n’ont aucune intention d’appliquer, et des résolutions illégales que son statut de marionnette installée par un tweet ne lui donne pas le droit de décréter. Notre PM de facto fait régulièrement des promesses d’élections suivies de son éventuel départ, charriant le faux espoir que si le pays réussissait à survivre l’enfer dans lequel il l’a plongé, le peuple en liesse aurait la joie de se voir enfin débarrassé de son odieuse cohorte de bandits illégaux, et en mesure de commencer la longue et pénible remontée vers la lumière. Leur dernier “Accord”, dénommé “Accord du 21 décembre”, se termine verbatim avec la phrase qui suit; “les signataires du présent Consensus conviennent que la période de transition englobera les nouvelles élections générales qui se tiendront en 2023 et l’entrée en fonction d’un gouvernement nouvellement élu le 7 février 2024.” Mais le 7 février arrivé, voilà qu’ils démontrent encore une fois que leur perversité est insondable en annonçant sans vergogne, je chech, que ce serment dont le monde entier a témoigné, n’était rien qu’un mensonge de plus.  Di nou tanpri, se ki moun kap fè “jwet tè”?!  Et qui pis est, avec les instruments sacrés de la République ! Dans un bref instant d’épiphanie, Mme Manigat dénonça cette fourberie, mais se replia très vite à son état de vassalisation.

Pep Ayisyen,

Pa dekouraje! Leve kanpe! Reveye! Resaisi nou!  Yo mete do nou sou miray lan. Nou pa gen anyen ki rete pou nou pèdi ankò.  Pa janm bliye ke se premye pèp lib nou ye. Ayisyen fanm kou gason, ann kanpe djam pou n fè ane 2024 la tounen ane dezyèm liberasyon Ayiti, apre 220 lane zansèt nou yo te fè premye liberasyon an. 220 lane! Eske nou konprann sa sa vle di? Eksplwa zansèt nou pat jam repete ankò lan listwa mond lan.  Se pou nou yo te goumen pou yo te kite bout tè saa. Yo pap pran l lan men nou! Kouraj ! Ayiti gen moun toujou. Li pap peri!

Nap debarase de Ariel ak tout fòs malefik li. Solèy ap leve sou Ayiti.

Pendant que j’essayais de puiser des mots d’espoir dans mon âme meurtrie pour m’adresser à vous, Peuple éternel, tant d’émotions se bousculaient en moi qu’à un moment donné il semble que cet embouteillage de sentiments m’occasionna un blocage. Mais, heureusement que la grandeur de notre pays a défrayé la réflexion d’illustres maîtres-à-penser, ce qui me permet de vous quitter avec de magnifiques paroles sur ce que représente ce bout de terre que nos ancêtres nous ont légué. En partant de Victor Hugo qui affirmait qu’Haïti était une lumière pour les âmes libres, car elle avait brisé le despotisme; en passant par l’illustre Aimé Césaire pour qui Haïti était la Mecque, et dont il avait déclaré que c’était là que la Négritude s’était mise debout pour la première fois pour dire qu’elle croyait en son humanité; pour atterrir sur la suprême allocution prononcée par l’immortelle Christiane Taubira lors de sa visite en Haïti en 2021, au cours d’une assise sur la culture et la Caraïbe à la Citadelle Laferrière baptisée « La Caraïbe en création ». Je vous laisse donc, mes chers compatriotes, avec les paroles de Mme Taubira, parce qu’elles sont inoubliables, et je ne saurais mieux dire:

“La question de l’État, du rôle de l’État à travers le temps, Haïti pose douloureusement au monde et à elle-même la question de l’État et du rôle de l’État, des missions régaliennes de l’État, des responsabilités de l’État vis-à-vis du peuple, vis-à-vis de la société, vis-à-vis des citoyens. En quoi l’État peut être garant des libertés individuelles et des libertés publiques ? En quoi l’État peut assurer l’égalité entre les citoyens? En quoi l’État peut garantir par l’égalité des droits, par l’égalité des chances la promotion sociale, par l’éducation, par l’accès au savoir, par l’accès à de bonnes conditions de vie? En quoi l’État est une puissance, une puissance publique qui protège les citoyens, avec lequel les citoyens noue des relations de confiance ? Haïti pose cette question-là au monde à travers le temps. Haïti se la pose à elle-même aussi dans tous ces sujets-là, qui sont des sujets qui traversent le temps et qui traversent le monde, qui sont des sujets qui sont exacerbés par la situation d’Haïti, par les initiatives prises par Haïti, par les combats menés par Haïti. Et la question centrale reste celle de la souveraineté, pour Haïti en permanence, la question est celle de la souveraineté, et cette question elle est posée à travers la littérature, les écrits politiques, et les interrogations des intellectuels et des universitaires. Elle est posée constamment…”

Et elle cita le roi Christophe dans la pièce d’Aimé Césaire : “Nous les nègres avons subi le total outrage, la vaste injure, la fosse au bas de la fosse, c’est de là que nous aspirons à l’air, à la lumière, au soleil.  [] Voilà pourquoi il faut [nous] en demander plus qu’aux autres ! Plus de travail, plus de foi, plus d’enthousiasme, un pas, un autre pas, encore un autre pas, et tenir gagné chaque pas. C’est d’une remontée jamais vue que je parle!” Et je crois qu’Haïti s’interroge sur cette remontée jamais vue aujourd’hui encore, et simplement peut-être, que Haïti doit se rendre compte qu’elle n’est pas seule, qu’elle a des amis dans le monde. Elle n’est pas seule, mais elle a aussi encore des ennemis dans le monde, non pas des ennemis déclarés qui veulent son malheur, mais des personnes, des états qui restent encore empêtrés dans des préjugés, des représentations qui rétrécissent Haïti, qui résument Haïti à ses épisodes de malheur. Il faut savoir simplement que c’est à vous qu’il appartient de reprendre les rênes, que vous disposez d’un patrimoine fabuleux, somptueux, proprement somptueux, capable de donner force à des peuples entiers, capable de renouveler le monde. À condition que vous-même vous enrichissiez ce patrimoine. Si ce patrimoine somptueux doit rester en l’état, si vous décidez de le figer, il deviendra folklore, ni plus ni moins. Vous avez une capacité de créativité qui fait que vous pouvez enrichir et renouveler ce patrimoine, et comme je viens de vous le démontrer je crois, j’espère, Haïti a été au cœur de toutes les problématiques essentielles du monde. Haïti aujourd’hui le demeure. Haïti est au monde. Haïti est au monde par cette diaspora dispersée sur toutes les terres de la planète. Haïti est au monde par l’influence de son histoire, de ses arts, de sa littérature, de sa musique, et Haïti porte en son sein le monde, parce que le monde s’y est rencontré, mais aussi parce qu’aujourd’hui le monde s’y trouve. Mais c’est à vous de reprendre la main, parce que Haïti ne doit pas être la scène où se jouent toutes les expériences, toutes les aventures, tous les fantasmes, toutes les tentatives, toutes les rédemptions, toutes les charités. Vous devez reprendre la main. Vous devez reprendre le cap. Vous devez tenir la boussole en pleine main. Vous devez garder les yeux sur la carte et sur l’horizon. C’est à vous qu’il appartient de reprendre la main, et Fanon, Fanon vous le disait: “l’important n’est pas ce que l’on a fait de toi. L’important est ce que tu fais de ce que l’on a fait de toi!”.