
par Mohamed Ghermaoui
J’ai hésité longtemps avant d’écrire cet article, mais face à ce qui s’écrit et se dit dans certains débats soit disant progressistes, je me vois dans l’obligation et la nécessité d’élucider certaines réflexions qui arborent et jalonnent ces enceintes supposées indépendantes et non-conformistes. Je ne prétends nullement détenir la vérité et les tenants et les aboutissants de ce qui se passe actuellement en Syrie, mais j’avoue à priori que je n’ai nullement changé mon background d’analyse et de lecture. Ils restent pour moi, ces aprioris bien sûr, des socles solides et pertinents pour toute réflexion sur ce qui se passe dans l’espace géopolitique et géostratégique.
Quels sont ces aprioris ?
Scène n°1
1. L’Occident et ses disciples/ses pantins est le terreau et le berceau du mal et des calamités qui règnent et se dissipent de plus en plus dans le monde.
2. L’Occident et son parrain les États-Unis ne reculeront jamais devant toute initiative de bousculade de l’ordre mondial fondé sur les règles, leurs règles. Au contraire, ils sont prêts à envenimer le monde entier pour préserver et pérenniser le plus longtemps possible leur hégémonie.
3. L’Occident est prêt à s’associer avec le diable pour arriver à ses fins ; rester aux commandes et gare à celui qui ne s’insère pas dans l’arène des dictats.
4. L’Occident utilisent tous les moyens possibles et imaginaires pour accomplir ses missions messianiques : compromission, concussion, despotisme, brutalité, manipulation, désinformation, mensonges, etc.
5. L’Occident fait appel dans sa démarche très méthodologique à des expertises pointues pour réussir ses plans maléfiques, notamment l’intelligence artificielle, la sociologie, la neuroscience, la psychologie, etc. Le but ultime est de cultiver chez la population occidentale en particulier et le monde entier l’image d’un leadership occidental qui symbolise le bien et la sainteté, voire même la prophétie. Généralement la diversion est à la commande à ce stade.
6. La démarche des Occidentaux est une démarche prospectiviste. Elle consiste à étudier les situations dans une vision globale et de long terme. Dans ces cas, l’approche est systémique et exploratrice. Pour mieux comprendre et d’une façon très concentrée, on peut dire que l’approche consiste à scruter toutes les interfaces et les tableaux interdépendants pour pouvoir dégager les constantes, les points forts et faibles, les variables lourdes, les inerties et les dysfonctionnements du système (entres autres). Ceci aidera à établir des scénarios d’approches pour établir les choix possibles pour accomplir les objectifs stratégiques fixés.
7. L’Occident n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts.
8. L’Occident devrait être dépourvu de toute confiance. Jamais l’Occident n’a respecté ses engagements. Au contraire, il s’avère de plus en plus clair que l’Occident ne fait que revêtir/dépeindre la réalité apparente par des actes et des soubresauts mensongers pour arriver à ses fins. Les plus récents étaient Minsk 1 et Minsk 2.
Maintenant que ces aprioris me semble-t-il convaincants et bienveillants ont été relatés, sauf bien sûr pour ceux qui veulent se protéger du soleil avec un crible, proverbe populaire arabe, que peut-on dire de ce qui se passe en Syrie.
Pour comprendre mieux cette mise en scène à priori incompréhensible, passons la deuxième séquence que je formule sous forme de scènes. L’allégorie se glisse dans les coulisses de la scène théâtrale.
Scène n° 2
La Syrie avant et après 2011.
La Syrie avant et après les bombardements mortifères et sanglants sur son territoire par les néoconservateurs impérialistes.
Notons d’abord pour circonscrire et contextualiser l’évènement qu’en juillet 2011, un accord a été signé entre la Syrie, l’Irak et l’Iran pour l’édification d’un gazoduc reliant les gisements pétroliers d’une énorme station pétrolière à l’ouest de l’Iran à l’Europe en passant par le territoire syrien en toute sa longueur. Les plans maléfiques des néoconservateurs étant ébranlés, une vaste série de bombardements s’est déclenchée. Je vous épargne les détails de cette séquence.
La Syrie avant le début des bombardements de 2011, enregistrait les performances suivantes :
- La Syrie était le seul pays parmi les pays arabes et africains qui assurait l’autosuffisance alimentaire. Mieux encore le Liban et sans doute d’autres pays voisins bénéficiaient largement de cette manne syrienne.
- La Syrie assurait un cadrage macroéconomique cohérent et stable.
- L’équilibre budgétaire était rempli chaque année et la dette était quasiment nulle.
- Le ratio de l’équilibre du commerce extérieur était très bien assuré.
- La sphère financière était structurellement saine.
- Le seuil du taux de chômage était structurellement tolérable.
- L’interface sociale était parmi les mieux servies au monde. L’école, la santé étaient gratuites et l’aide au logement individuel était assuré, entre autres.
- La quasi-totalité des habitants syriens étaient propriétaires de leur maison.
- Les emprunts en Syrie étaient à des taux d’intérêt nuls.
- Le taux d’inflation était significativement maitrisé.
Après les bombardements et l’avalanche des mesures de sanctions économiques contre la Syrie depuis 2011, la Syrie est devenue très vulnérable et souffreteuse, caractérisée par :
- Une économie en lambeaux et un cadre macroéconomique chancelant.
- Un taux d’inflation galopant.
- Un taux de chômage qui dépasse de loin les 20%.
- Une grande population migratoire et souffrante.
- Un taux de mortalité aussi bien des militaires que des civils de plus en plus abusif et démesuré.
- Etc.
Scène n°3
L’invasion de la Syrie s’est déroulée devant nos yeux de la façon suivante :
1. Des groupes terroristes islamistes radicaux dont le chef de file n’est autre que le fameux dénommé Ahmed Chraa surnommé Abou Mohamed al-Joulani se sont emparées sans encombre et avec beaucoup de facilité (sans aucune résistance) de la totalité du territoire syrien. Bien sûr al-Joulani est président du groupe terroriste, le Front de Libération de Saham, Hayat Tahrir al-Sham, (FLS) précédemment appelé Front al-Nosra, Jabhat al-Nosra.
2. Fuite du président Bachar al-Assad de la Syrie vers la Russie.
3. Le rôle assumé par la Turquie dans cette invasion.
4. La neutralité remarquable et inédite de la Russie lors de cette invasion.
5. Les déclarations des hauts responsables de l’Iran et en particulier de leur chef suprême.
6. Cerise sur le gâteau : les bombardements aériens israéliens de la quasi-totalité des infrastructures militaires Syriens.
Scène n° 4
Après coup, quel est le paysage qui se dessine clairement en Syrie maintenant :
1. Le territoire syrien est piétiné, dechecté et morcelé.
2. La Syrie est aux commandes et sous contrôle de groupes de terroristes islamistes avérés.
3. Des intérêts contradictoires s’illuminent entre les différentes composantes de ces groupes. Plus particulièrement ceux qui sont soutenus par les Turques et ceux par les États-Unis, l’affaire des Kurdes bien sûr.
4. Des projets géostratégiques rentrent en situation conflictuelle et de confrontation, particulièrement celui de l’empire Ottoman porté par Erdoughen et celui du grand Israël porté par Netanyahou.
5. Les Européens commencent à se préparer pour relancer le gazoduc reliant Qatar à l’Europe en passant par la Syrie post al-Assad.
6. Les Russes seront les premiers perdants et amplement de cette manœuvre.
7. L’effet sur la Chine ne serait pas négligeable dû l’impact assuré sur ses corridors de connectivité.
8. La Russie va certainement récupérer des territoires stratégiques en Ukraine. En plus les bases militaires de la Russie en Syrie vont été épargnés par les milices islamistes à terme. Certes, mais jusqu’à quand ?
9. La Russie a certainement laissé faire, voire même a donné le feu vert à ces milices terroristes islamistes et aux bombardements aériens israéliens sur les infrastructures militaires Syriens. On parle de connivence, d’entente tacite entre les Russes, les Israéliens et les Turcs. On parle même de la colère des Américains face à la destruction par Israël de la quasi-totalité de ces armes. J’ai appris à me méfier de tout ce qui se dit officiellement tout en développant mon propre avis à partir de mon analyse et ma lecture des faits et de ce qui se passe et de ce qui se dit. Et ce, à partir de mes convictions et mon background. Les quatre scènes que je viens d’exposer me permettent de conclure ce qui suit.
Il serait ingénu et crédule de croire aux chasseurs de primes avérés quelles que soient les circonstances. Qui te trompe une fois te trompera toujours. Il est clair comme l’eau de roche que la cupidité, la sournoiserie, la trahison, la perfidie et la fourberie collent dans les veines de ces races humaines, en plus de leur caractère de suprématie, de prééminence, de domination et d’omnipotence. Leur faire confiance est feuille morte d’hiver.
Il serait aussi prétentieux et préjudiciable de croire que ce bloc impérialiste et hégémonique va se faire acculer aisément et sans laisser de traces cataclysmiques sur le monde entier.
Certes on va passer par une période clinquante, faste et opulente pour les suceurs de sang néoconservateurs, les coupeurs de têtes, les bombardiers des infrastructures et les voleurs de terres, etc. Ce ne sont que des avatars, des prédateurs avérés, des voraces aguerris et des charognards crus. Le temps de se rafraîchir la mémoire et de se reposer quelques temps et oups, et la terre tremblera sous nos pieds.
C’est le programme machiavélique Big Reset ou la grande réinitialisation, c’est le programme du milliard doré, et des guerres vont surgir et s’amplifier et personne ne va pouvoir les arrêter.
C’est mon point de vue. À chacun le sien.