mais aussi, en silence, la riposte finale arrive

par Olivier Field

Chut, on tue…mais aussi, en silence, la riposte finale arrive !

Comme souvent l’Histoire est fille du temps et des évènements. Et à chacun son timing. Gaza rasée, rêve de sionistes, impliquait une force diluvienne pour créer un point de non-retour. Cette barbarie ne pouvait exister sans une excuse suffisante pour vendre un narratif de «violence légitime» et, bien entendu, une pleine collaboration des démocraties occidentales par leurs gouvernements et medias. Si les premiers jours les spectateurs pouvaient majoritairement approuver Israël, le temps était compté avant que l’effarante disproportion, la déconnection évidente entre éradiquer le Hamas et une quête de solution finale pour 2,4 millions de Gazaouis, but unique, ne chatouille les consciences. Israël a dû aller très vite et sans retenue, militaire, humaine, politique. Les relais en occident se fatiguent à ressasser le sempiternel droit de se défendre contre un antisémitisme qui est partout et non discutable. Mais même discrets les peuples ne sont pas dupes et ânonnent de moins en moins les slogans obligés.

Face à cet impératif de vitesse, réussi d’ailleurs puisque Gaza ne peut plus être une solution viable pour les Gazaouis restants, se construit vraisemblablement une terrible riposte. Qui ne peut que se faire par la réunion d’une nouvelle communauté internationale. La constituer était déjà dans les cartons de ce «sud global», de cette union des partisans d’un monde multipolaire. Énorme tâche, pleine d’écueils, de tensions à résoudre, de complexes adhésions à un tronc commun… Et tout cela ne peut se faire que lentement et dans un certain silence comme tout bon accord de diplomatie.

Le départ a été donné quand les USA ont préféré une guerre chaude avec la Russie, rendant de facto une réaction militaire certaine. La surprise a été que les Russes aussi s’étaient préparés et particulièrement diplomatiquement. Que le camp occidental se soit rangé comme un seul vassal derrière les calculs de son empire n’est en rien surprenant. Mais après l’échec des trains de sanctions, la démonstration de la possibilité de vie sans le dollar et l’incapacité de gagner la guerre sur le terrain, malgré des sacrifices ukrainiens qui pèseront sur des générations dans ce qui restera de ce pays… tout a commencé. Le monde n’obéit plus aux diktats et menaces de l’empire US, il louvoie, il s’accorde de nouveau sans se soumettre aux intérêts d’un occident fatigué, démonétisé et irresponsable. Comme les tentatives passées d’un monde meilleur et organisé pour la paix et né de traumatismes (Société Des Nations en 1919, ONU en 1945), l’explosion de la tragédie en Palestine va faire émerger une nouvelle donne… et peut être plus qu’un «machin». Cela nécessite beaucoup d’échanges, de négociations, donc de temps. Mais le risque d’embrasement, qui reste toujours la meilleure solution pour faire oublier une succession d’échecs par une  bonne catastrophe totale, devrait accélérer le tempo.

Aussi, sans se projeter follement, il est vraisemblable que les allers retours des nouveaux puissants de ce monde, la liberté de réflexion, les déclarations d’amitié inenvisageables préparent ce changement. Pensez-y ! L’Arabie saoudite, sunnite, qui traite avec l’Iran, chiite. La guerre au Yémen, en Syrie, en Irak pour le plus grand profit des USA, change. Taiwan qui s’oriente vers un retour négocié avec la Chine, la Russie qui arpente le globe pour vendre un front de résistance contre un pays ivre de sa puissance et de sa volonté de domination suivant leur «Rules-based order» qui ne sert avec certitude que leur pouvoir… et tant de travail diplomatique partout.

Il est certain que quand les leaders des plus grands pays producteurs de pétrole, donc de vie économique, se voient de visu, ce ne peut être que pour fixer un prix. Assurément, leur crainte de voir les conflits se nucléariser, s’étendre, les ravager sans apport pour les criminels qui attisent ce feu… est au centre de leurs discussions. La politique des petits pas, la confiance dans le bon sens et la justice de pays qui ne cessent de prouver leur duplicité, l’inéluctabilité d’une solution globale imposent une riposte finale ! Et dans le silence afin qu’elle soit imparable quand elle sera déclenchée.

Que sera-t-elle ? Pas militaire puisque l’on ne combat pas Armageddon par Armageddon. Plutôt une combinaison de respect pour toutes les parties et leurs attentes raisonnables, une main de fer qui mettra à l’arrêt le monde occidental par des mesures immédiates sur les échanges commerciaux, la fourniture d’énergies fossiles, l’isolement total de la part du monde occidental qui suivra les USA dans leur folle course… et la mise au rebut du sionisme, l’imposition d’une solution claire, garantie et juste au nouvel Israël. Et il faut croire que cela se fera, par optimisme, mais aussi par réalisme puisqu’il n’y a pas d’autre alternative que la fin de tous. Bien sûr ce sera coûteux pour les populations, déstabilisant pour certains pays plus que d’autres mais fatal pour les résidus du grand pouvoir occidental si il n’accepte son évolution vers être une partie seulement du monde de demain. La justice pour tous et le bon sens  dénué de calculs extrêmes permettront de forcer les bonnes décisions sur toutes les parties.

Gaza n’en revivra pas, mais Israël sauf à suicider l’avenir, devra devenir un pays ordinaire, avec des frontières, des voisins, la reconnaissance d’être des humains comme les autres, ni supérieurs ni éternelles victimes autoproclamées. De nouveau dans l’humanité, dans l’avenir. Le temps passera, les haines se tairont. Espérons que le silence qui semble enterrer les Palestiniens soit celui de l’espoir d’une vie meilleure pour tous où la guerre ne sera pas la norme et l’outil de contrôle qu’elle est devenue.

Ce n’est pas parce que l’alternative est le cauchemar que c’est un rêve. C’est la voie de l’humanité.