4 avril 2024
Le mépris de Moscou envers les éléments occidentaux, en particulier les sanctions économiques et l’aide militaire à l’Ukraine, a non seulement donné l’exemple aux autres nations, mais a également érodé la légitimité de la suprématie idéologique de l’Occident.
Le 18 mars, Vladimir Poutine est devenu vainqueur des élections présidentielles russes, marquant ainsi son cinquième mandat à la présidence de la Russie. Cela s’est produit malgré les complications. Même s’il est courant que la Russie soit la cible de cyberattaques, on a enregistré cette année des niveaux records de violations de ce type sur la plateforme de vote électronique du pays, la plupart des attaques provenant des États-Unis.
La victoire écrasante de Poutine a suscité des réactions positives de la part de nombreuses personnes dans les pays du Sud. Les dirigeants de plusieurs pays, dont l’Iran, la Chine, l’Afrique du Sud, la Biélorussie, la RPDC, les membres de la Communauté des États indépendants (CEI) et plusieurs pays d’Amérique latine, ont salué sa réélection.
Le Collectif Ouest, pour sa part, est resté étrangement silencieux sur cette victoire. Quelques exceptions sont apparues sur la plateforme X, avec par exemple le président du Conseil européen Charles Michel réitérant l’accusation classique selon laquelle les élections russes sont antidémocratiques. «Aucune opposition. Pas de liberté. Pas le choix», lit-on dans le tweet. Voilà pour être mécontent. Néanmoins, le bloc a des raisons évidentes d’afficher une telle consternation.
Guerre d’Ukraine
Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, les discussions sur un éventuel accord de paix impliquant le retrait des troupes russes en échange du maintien du territoire ont commencé à s’accélérer. Les coûts de cette guerre étaient primordiaux tant pour l’Occident que pour la Russie, mais particulièrement pour l’UE. La désindustrialisation qui accompagne les sanctions contre la Russie a eu des conséquences désastreuses pour l’économie de la zone euro, plongeant des millions de personnes dans l’insécurité financière, alors que le bloc s’efforce de restaurer la croissance économique.
Plus inquiétant encore est le déclin du soutien américain qui place l’UE dans une position délicate. Bien que la Maison-Blanche ait récemment dévoilé un plan d’aide provisoire pour l’Ukraine évalué à 300 millions de dollars, les retards antérieurs dans la livraison de l’aide, alimentés par les différends au Congrès sur la crise frontalière, ont amené les alliés de l’OTAN à remettre en question l’engagement des États-Unis dans le conflit.
Lors d’un récent discours devant des dirigeants occidentaux lors d’un événement axé sur l’Ukraine, le président français Emmanuel Macron a fait écho à ces préoccupations en remettant en question la sagesse de confier l’avenir de l’Europe à l’électorat américain. «Devons-nous confier notre avenir à l’électorat américain ? Ma réponse est non. N’attendons pas le résultat», a-t-il déclaré.
Lorsque Macron a évoqué la possibilité de déployer des forces de l’OTAN en Ukraine, certains ont perçu sa déclaration comme controversée ou audacieuse, mais des rapports ont ensuite révélé que les forces de l’OTAN étaient déjà en Ukraine. Mais étant donné que la guerre en Ukraine n’est pas considérée comme une guerre de facto du point de vue russe, on ne peut que spéculer sur l’ampleur potentielle d’un conflit à part entière avec l’alliance de l’OTAN.
Hégémonie occidentale
Du point de vue du Sud, la véritable réussite réside dans le mépris de Poutine envers l’OTAN. Il s’agit de remettre en question les forces qui, pendant des années, ont maintenu les masses dans un état de paralysie sociale, idéologique et historique. Là où l’Occident voit une agression et une déstabilisation, le Sud voit des représailles. Le fait est que la Russie a été trompée par l’Occident à propos des accords de Minsk.
Si l’on trouve étrange que l’Ukraine ne recueille que très peu, voire aucun soutien dans le Sud, ce n’est pas une simple coïncidence. Le vaste héritage de l’Occident, qui s’étend sur des centaines d’années, témoigne de la nature destructrice de sa politique étrangère. Dans les pays du Sud, où la mémoire collective des millions de personnes qui ont péri sous le poids de l’impérialisme et de l’agression militaire reste vive et lucide, les réalités en jeu sont limpides.
La guerre en Ukraine n’est pas seulement une guerre pour la préservation de la sécurité nationale de la Russie, mais aussi une guerre pour les milliers de mères qui ont donné naissance à des bébés malformés en raison de la contamination due à l’utilisation par l’OTAN de munitions à l’uranium appauvri en Irak, en Libye, en Afghanistan et en Serbie, où il a été démontré qu’il augmente les taux de cancer et d’autres formes de maladies dans les pays ciblés. C’est une guerre pour ces milliers de personnes qui ont succombé à leurs maladies à cause des sanctions qui ont empêché l’entrée d’une aide médicale cruciale. C’est aussi une guerre pour les camarades d’Iran, d’Indonésie et de plusieurs pays d’Amérique latine et d’Afrique qui sont morts en résistant à l’injustice et à l’oppression aux mains des comparses impérialistes.
source : Al Mayadeen via La Cause du Peuple