-
Le 28 novembre 2023
Vladimir Poutine prend la parole lors de la session plénière de la Cathédrale mondiale du peuple russe par vidéoconférence. Le thème central du forum, consacré au 30ème anniversaire de la création de l’organisation, est «Le présent et l’avenir du monde russe».
Le patriarche Kirill de Moscou et de toute la Russie, des représentants de l’Église orthodoxe russe et d’autres organisations religieuses centralisées de Russie, des autorités de l’État, des associations publiques, des personnalités du monde de la science et de la culture ont participé à la Cathédrale.
Vladimir Poutine : Votre Sainteté ! Chers amis !
Je salue tous les participants de la Cathédrale mondiale du peuple russe.
Elle a été créée en 1993. Nous nous souvenons de la période difficile et critique qu’a connue le pays. À l’époque, la Cathédrale a réussi à réunir autour d’objectifs communs des représentants de l’Église orthodoxe russe, d’autres organisations religieuses, des partis et mouvements politiques, des personnalités culturelles, des scientifiques, des entrepreneurs, des personnes d’opinions, de convictions et de nationalités différentes, mais unies par l’essentiel : leur ferme position patriotique.
Tout d’abord, je voudrais vous remercier pour votre soutien, pour votre contribution au renforcement de l’État russien, à la paix civile et à l’harmonie, à la consolidation de la société, et pour l’aide que vous apportez toujours à vos compatriotes, à tous ceux qui sont unis par le grand monde russe.
Je sais que de nombreux représentants de la Cathédrale mondiale du peuple russe se trouvent actuellement dans le Donbass et en Novorussie parmi les volontaires et les bénévoles, dans les rangs des unités militaires, aux côtés de leurs compagnons d’armes qui défendent nos frères et sœurs, des millions de personnes dans les républiques populaires Donetsienne et Louganienne, dans les oblasts de Kherson et de Zaporijia. Je remercie sincèrement les participants à la Cathédrale mondiale du peuple russe pour l’aide qu’ils apportent au front et aux familles de nos héros tombés au combat. Ils se sont battus pour nous, pour notre Patrie. Que leur souvenir vive éternellement. [Une minute de silence est annoncée].
Chers amis, notre bataille pour la souveraineté, pour l’équité est, sans aucune exagération, une bataille de libération nationale, car nous défendons la sécurité et le bien-être de notre peuple, le droit suprême et historique d’être la Russie – une puissance forte et indépendante, un pays-civilisation. C’est notre pays, le monde russe, comme cela s’est produit à maintes reprises dans l’histoire, qui a barré la route à ceux qui prétendent à leur domination du monde et à leur exclusivité à eux.
Nous nous battons aujourd’hui pour la liberté non seulement de la Russie, mais aussi du monde entier. Nous disons ouvertement que la dictature d’un hégémon – nous le voyons, tout le monde le voit maintenant – est en train de se décrépir. Elle a été mise en pièces, comme on dit, et elle est tout simplement dangereuse pour les autres. Cela est déjà clair pour la majorité mondiale. Mais, je le répète, c’est notre pays qui est aujourd’hui à l’avant-garde de la formation d’un ordre mondial plus juste. Et je voudrais souligner qu’aucun ordre mondial durable et stable n’est possible sans une Russie souveraine et forte.
Nous savons à quelle menace nous sommes confrontés. Aujourd’hui, la russophobie et d’autres formes de racisme et de néonazisme sont pratiquement devenues l’idéologie officielle des élites dirigeantes occidentales. Elles sont dirigées non seulement contre le peuple russe, mais aussi contre tous les peuples de Russie : les Tatars, les Tchétchènes, les Avars, les Touvains, les Bachkirs, les Bouriates, les Yakoutes, les Ossètes, les Juifs, les Ingouches, les Mariys, les Altaïens. Nous sommes nombreux, je ne nommerai pas tous maintenant, mais, je le répète, ceci est dirigé contre tous les peuples de Russie.
Sur le fond l’Occident n’a pas besoin d’un pays aussi grand et multinational que la Russie. Notre diversité et notre unité de cultures, de traditions, de langues et d’ethnies ne s’inscrivent tout simplement pas dans la logique des racistes et des colonisateurs occidentaux, dans leur cruel projet de dépersonnalisation, de désunification, de suppression et d’exploitation totales. C’est pourquoi ils ont repris leur ancienne rengaine : ils disent que la Russie est une «prison des nations» et que les Russes eux-mêmes sont une «nation d’esclaves». Nous l’avons entendu à maintes reprises au cours des siècles. Et nous avons également entendu dire que la Russie avait besoin d’être «décolonisée» aujourd’hui. Et en fait, qu’est-ce qu’il leur faut ? En fait, ils leur faut démembrer et piller la Russie. S’ils ne peuvent le faire par la force, il leur reste semer le désordre.
Je tiens à souligner que nous considérons toute ingérence extérieure, toute provocation visant à provoquer des conflits interethniques ou interreligieux comme des actions agressives contre notre pays, comme une tentative de réintroduire le terrorisme et l’extrémisme en Russie pour nous combattre, et que nous réagirons en conséquence.
Notre pays est vaste, au visage innombrable. Et c’est dans cette diversité de cultures, de traditions et de coutumes que réside notre force, notre énorme avantage concurrentiel et notre potentiel. Nous devons constamment la renforcer, protéger cette harmonie diversifiée, notre patrimoine commun. J’attire l’attention des dirigeants de tous les sujets de la Fédération russienne sur ce point et je compte ici sur l’autorité des pasteurs de nos religions traditionnelles, sur la responsabilité de toutes les forces politiques et des organisations publiques.
Je pense que nous nous souvenons tous des leçons de la révolution de 1917 et de la guerre civile qui a suivi, ainsi que de l’effondrement de l’URSS en 1991. Il semblerait que tant d’années se soient écoulées, mais les personnes de toutes ethnies vivant aujourd’hui, même celles nées au XXIe siècle, paient encore pour les mauvais calculs faits à l’époque, pour avoir cédé aux illusions et aux ambitions séparatistes, pour la faiblesse du gouvernement central, pour la politique de division artificielle et forcée de la grande nation russe, le peuple trinitaire – Russes, Biélorusses et Ukrainiens. Les foyers sanglants qui ont émergé après l’effondrement de l’Empire russe et de l’Union soviétique non seulement couvent encore, mais s’enflamment parfois avec une vigueur renouvelée. Et ces blessures ne se refermeront pas avant longtemps.
Nous n’oublierons jamais ces erreurs et nous ne devons pas les répéter. Je voudrais souligner une fois de plus que toute tentative de semer la discorde interethnique et interreligieuse et de diviser notre société est une trahison, un crime contre l’ensemble de la Russie. Nous ne permettrons à personne de diviser la Russie, qui est la seule à nous tous. Nos prières, prononcées dans différentes langues, sont pour elle, pour notre Patrie.
Et je voudrais rappeler à cette audience les paroles de saint Grégoire le Théologien : «Honorer la mère est une chose sainte. Mais chacun a sa propre mère, tandis que la mère à tous est la patrie».
Votre Sainteté ! Chers collègues !
Le thème de la session d’aujourd’hui de notre Cathédrale est «Le présent et l’avenir du monde russe». Le monde russe, c’est l’ensemble des générations de nos ancêtres et de nos descendants qui vivront après nous. Le monde russe, c’est la Russie ancienne, le Tsarat de Moscou, l’Empire russien, l’Union soviétique et la Russie actuelle, qui retrouve, renforce et multiplie sa souveraineté en tant que puissance mondiale. Le monde russe réunit tous ceux qui ressentent un lien spirituel avec notre patrie, qui se considèrent porteurs de la langue, de l’histoire et de la culture russes, indépendamment de leur appartenance ethnique ou religieuse.
Mais je tiens à souligner que sans les Russes en tant qu’ethnie, sans le peuple russe, il n’y a pas et il ne peut y avoir de monde russe et de Russie elle-même. Il n’y a dans cette affirmation aucune prétention à la supériorité, à l’exclusivité ou au choix. C’est simplement un fait, tout comme le fait que notre Constitution consacre clairement le statut de la langue russe en tant que langue du peuple formant l’État.
Un Russe est plus qu’une ethnie. Il en a toujours été ainsi, d’ailleurs, dans l’histoire de notre pays. C’est, entre autres, une identité culturelle, spirituelle et historique. Être russe, c’est avant tout une responsabilité. Je le répète, c’est une énorme responsabilité pour la préservation de la Russie, et c’est cela le vrai patriotisme. Et en tant que Russe, je voudrais dire que seule une Russie unie, forte et souveraine, peut garantir l’avenir et le développement spécifique du peuple russe et de tous les autres peuples qui vivent dans notre pays depuis des siècles, unis par la communauté de leur destin historique.
Que signifie la souveraineté pour notre État pour chaque famille, pour chaque personne ? Quel est son sens, sa valeur, son contenu réel ? Tout d’abord, c’est la liberté. La liberté pour la Russie et pour notre peuple, et donc pour chacun d’entre nous. Car dans notre tradition, une personne ne peut se sentir libre si ses proches, ses enfants, sa patrie ne le sont pas. C’est cette véritable liberté que défendent aujourd’hui nos garçons, nos hommes, nos soldats et nos officiers, les filles de la Patrie.
Un peuple libre, qui comprend sa responsabilité devant les générations actuelles et futures, est la seule source de pouvoir, de pouvoir souverain, qui est appelé à servir tout le monde, tous les gens, et non pas à servir, bien sûr, les intérêts privés, corporatifs, de caste de quelqu’un et, d’autant plus, les intérêts étrangers, les intérêts d’autrui.
Une personne vraiment libre est toujours un créateur. Nous soutiendrons les aspirations de chacun au bénéfice du pays, de la société et de la gent. C’est justement ce qui assure le développement souverain dans l’intérêt national.
Nous avons à accomplir des tâches colossales pour développer de vastes régions allant de l’océan Pacifique à la mer Baltique et à la mer Noire. Notre économie, notre industrie, notre agriculture, nos nouvelles industries, nos industries créatives et nos entreprises nationales doivent multiplier leur potentiel.
Je m’adresse maintenant aussi aux entrepreneurs, dont je sais qu’ils sont nombreux dans cette salle. Je voudrais vous remercier en particulier, chers amis, pour votre travail coordonné. C’est grâce aux efforts combinés de l’État et des entreprises que nous avons déjoué l’agression économique sans précédent de l’Occident et que son blitzkrieg de sanctions a échoué.
La Russie renforcera son soutien aux entreprises nationales souveraines. À cette fin, nous disposons désormais d’outils fondamentalement nouveaux. Investissez en Russie, créez des emplois, développez la production, participez à la formation du personnel, et la croissance de l’économie nationale se traduira par de nouveaux succès et de nouvelles opportunités pour vos entreprises. Les entreprises nationales, qui œuvrent au renforcement de la souveraineté, deviennent elles-mêmes plus fortes et plus souveraines, moins dépendantes de toutes les composantes de l’ordre mondial actuel.
Le développement souverain du pays, de l’économie, des entreprises et de la sphère sociale doit apporter la prospérité à tous les citoyens, à toutes les familles russiennes, et donc être équitable. Je ne parle pas d’égalisation primitive, bien sûr que non. L’équité, c’est avant tout des conditions de vie décentes, des infrastructures culturelles, sanitaires et sportives modernes dans toutes les régions du pays. C’est un travail qualifié et bien rémunéré, le prestige public d’un travailleur, d’un ingénieur, d’un enseignant, d’un médecin, d’un artiste, d’un travailleur culturel, d’un entrepreneur, de tout spécialiste consciencieux, d’un artisan. L’équité, c’est aussi l’égalité et l’étendue des possibilités d’étudier, de démarrer dans la vie, de se réaliser pour les jeunes.
L’Occident pratique aujourd’hui non seulement une politique de «culture de l’annulation», mais aussi l’annulation de facto de l’éducation humanitaire. En conséquence, la culture et l’éducation deviennent primitives. De nombreuses matières classiques sont tout simplement supprimées des programmes d’études occidentaux, remplacées par une sorte de science du genre et d’autres sciences similaires – des pseudo-sciences, bien entendu. Au contraire, nous avons besoin d’une véritable percée dans la vie culturelle. Et là, nous avons quelque chose à apprendre de nos ancêtres, qui ont servi de modèles au monde entier dans l’art traditionnel et, accessoirement, dans l’art d’avant-garde. Je suis convaincu que la souveraineté du pays et le renforcement de son rôle dans le monde sont impossibles sans l’épanouissement d’une culture originale dans toutes ses manifestations.
Et bien sûr, il est important que nous prenions tout ce que le système national et mondial d’éducation classique a accumulé de meilleur. En même temps, nos écoles, nos universités et nos collèges doivent être modernes et ouverts à tous les développements les plus récents.
Nous avons besoin d’une sphère d’éducation cohérentue, dans laquelle la famille, le système éducatif, la culture nationale, le travail des organisations d’enfants, de jeunes, de sports, militaires et patriotiques, un large mouvement de mentorat et, j’ajouterai, la parole sage des bergers spirituels complètent harmonieusement les uns les autres.
Oui, l’Église est séparée de l’État, et le Patriarche [Kirill] m’a dit à plusieurs reprises que, malgré cela, nous avons une relation unique entre l’Église et l’État. Qu’y a-t-il à noter à cet égard ? Mais il est impossible de séparer l’Église de la société et de l’individu. Je suis tout à fait d’accord avec cela. C’est pourquoi je souligne une fois de plus l’importance de la participation des représentants de toutes les religions traditionnelles russiennes à l’éducation de nos jeunes et, bien sûr, au renforcement des valeurs spirituelles, morales et familiales. La participation des bergers de toutes nos religions traditionnelles est d’une importance capitale.
Votre Sainteté ! Chers amis !
Vous savez qu’un décret a déjà été signé pour déclarer l’année prochaine, 2024, Année de la famille en Russie. Je tiens à souligner que cette décision repose sur la position de la majorité absolue de notre société. Je suis sûr que la Cathédrale mondiale du peuple russe la soutient également à l’unanimité.
Et qu’est-ce que je veux dire et souligner ici ? Il est impossible de surmonter les défis démographiques très sérieux auxquels nous sommes confrontés uniquement au moyen d’argent, de paiements sociaux, d’allocations, de prestations et de programmes particuliers. Oui, bien sûr, les chiffres des dépenses budgétaires «démographiques» sont extrêmement importants, mais ce n’est pas tout, et de loin. Les orientations de vie d’une personne sont bien plus importantes. L’amour, la confiance et une base morale solide sont au cœur d’une famille et de la naissance d’un enfant. Nous ne devrions jamais l’oublier.
Beaucoup de nos peuples, Dieu merci, conservent la tradition d’une famille forte et multigénérationnelle, au sein de laquelle quatre, cinq et plus d’enfants sont élevés. Souvenons-nous que dans les familles russes, beaucoup de nos grands-mères et arrière-grands-mères avaient sept, huit et même plus d’enfants.
Préservons et faisons revivre ces merveilleuses traditions. Avoir beaucoup d’enfants et une famille nombreuse devrait devenir une norme, un mode de vie pour tous les peuples de Russie. La famille n’est pas seulement le fondement de l’État et de la société, c’est aussi un phénomène spirituel, une source de moralité.
Le soutien à la famille, à la maternité et à l’enfance doit englober le travail de toutes les sphères du gouvernement sans exception, nos politiques économique, sociale et d’infrastructure, l’éducation et la formation, et les soins de santé, bien sûr. Les activités de toutes les associations publiques et de nos religions traditionnelles sont également nécessaires pour renforcer la famille. La préservation et la multiplication du peuple russien est notre tâche pour les décennies à venir, et je dirai plus : pour les générations à venir. Tel est l’avenir du monde russe, de la Russie millénaire et éternelle.
Votre Sainteté ! Chers amis !
De nombreuses tâches d’envergure nous attendent, leur solution exige un travail véritablement uni, et nous y sommes prêts. Nous sommes devenus plus forts. Nos régions historiques sont revenues en Russie. La société abandonne tout ce qui est superflu et se tourne vers les vraies valeurs.
Pyotr Arkadyevitch Stolypine a souligné en son temps que le droit fondé sur la force du peuple entier est au-dessus de tout. Ensemble, nous avons fait preuve d’une telle force, d’une telle volonté et d’une telle détermination à défendre nos propres intérêts, les intérêts des peuples de Russie, à ne pas nous laisser guider par la vision de quelqu’un d’autre, mais par notre propre vision souveraine du monde, notre propre conception du développement de la famille et de l’État tout entier, afin de construire la Russie pour nous-mêmes et pour nos enfants.
Je tiens à vous remercier une fois de plus pour votre soutien, pour votre esprit patriotique et, bien sûr, à vous féliciter pour le 30ème anniversaire de la Cathédrale mondiale du peuple russe.
Mais je voudrais adresser un mot de gratitude particulier à son dirigeant, le patriarche Kirill de Moscou et de toute la Russie.
Je connais le travail inlassable que vous accomplissez, Votre Sainteté, pour la renaissance spirituelle de la Russie. Je tiens à souligner l’importance et le poids de votre position. Combien l’Église orthodoxe russe, le clergé et les laïcs font, sous votre direction, pour mettre en œuvre des projets sociaux, caritatifs et bénévoles. Quel soutien est apporté à nos soldats et à leurs familles. Comment nos soldats et nos officiers sur le front attendent la parole du Patriarche.
J’ai le plaisir de vous féliciter aujourd’hui à la Cathédrale mondiale du peuple russe pour l’attribution du prix présidentiel 2023 pour votre contribution au renforcement de l’unité de la nation russienne. Je m’incline devant vous. Je souhaite à la Cathédrale une œuvre fructueuse.
Merci de votre attention.
source : Kremlin
Traduit par Valerik