Le militant panafricaniste Kemi Seba, connu pour ses prises de position fermes contre les ingérences occidentales en Afrique, a été déchu de sa nationalité française par un décret daté du 8 juillet 2024 et publié le 9 juillet au journal Officiel. Né à Strasbourg de parents béninois naturalisés français, Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, conserve toutefois sa nationalité béninoise. 

Cette décision des autorités françaises est perçue par beaucoup comme une tentative de réduire au silence un critique virulent des politiques néocoloniales de la France en Afrique. Kemi Seba a organisé ces dernières années plusieurs conférences où il a dénoncé l’utilisation du franc CFA et critiqué les ingérences françaises dans les affaires africaines. Ses positions lui ont valu plusieurs expulsions et arrestations en Afrique de l’Ouest, mais ont également contribué à accroître sa popularité sur les réseaux sociaux. 

Le député français Thomas Gassilloud a accusé Kemi Seba d’être un relais de la propagande russe, alimentant le sentiment anti-français en Afrique. Cette accusation fait écho à une tendance plus large où les voix dissidentes africaines sont souvent étiquetées comme des agents étrangers pour justifier leur répression. 

En réponse à la décision de déchéance de nationalité, Kemi Seba a publiquement brûlé son passeport français, un geste symbolique fort qui a été largement partagé sur les réseaux sociaux. Il a déclaré : « La France est tombée sur le mauvais Noir », affirmant que ses actions sont motivées par une posture résolument anti-française en raison des politiques impérialistes de la France en Afrique. 

La déchéance de nationalité de Kemi Seba a suscité une vague de soutien à travers l’Afrique. De nombreux Africains voient en lui un champion de la souveraineté africaine et un défenseur des droits des peuples africains contre les ingérences étrangères. Les critiques de Kemi Seba à l’égard de la France résonnent particulièrement dans les pays francophones, où le ressentiment contre les politiques néocoloniales est fort. 

Il est important de noter que cette décision intervient dans un contexte où les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines sont de plus en plus tendues. La France a été accusée d’utiliser des mesures répressives pour réduire au silence les voix dissidentes et maintenir son influence en Afrique. La déchéance de nationalité de Kemi Seba est perçue comme une continuation de cette politique répressive. 

La déchéance de nationalité de Kemi Seba est un acte politique controversé qui soulève des questions sur la liberté d’expression et les droits des militants panafricanistes. Elle illustre également les tensions croissantes entre la France et ses anciennes colonies africaines, où les appels à la souveraineté et à l’indépendance économique résonnent de plus en plus fort. Kemi Seba, malgré cette tentative de le réduire au silence, continue de mobiliser et d’inspirer de nombreux Africains dans leur lutte pour la dignité et la justice. 

La France a déchu la nationalité de Kemi Seba pour avoir critiqué la politique du pays en Afrique, a estimé la porte-parole de la diplomatie russe.

« Pour quels péchés Paris a-t-il simplement décidé de priver ce célèbre activiste de sa nationalité ? Vous ne le croirez pas – pour avoir critiqué la politique de la France en Afrique », a écrit Maria Zakharova sur sa chaîne Telegram. 

Ce alors même que « les loyalistes de Macron auraient du mal à qualifier la politique étrangère du palais de l’Élysée en Afrique digne de compliments », poursuit-elle. 

« Ni les concepts traditionnels de la philosophie française sur la démocratie et la liberté d’expression, ni les interprétations modernes de la tolérance et le goût pour les droits de l’homme n’ont empêché Paris de ce que Kemi Seba lui-même a appelé le “néo-colonialisme négrophobe” », a-t-elle ajouté. 

Lorsque les autorités françaises ont entamé la procédure de retrait de la nationalité du militant panafricain, elles lui ont reproché de diffuser des « messages particulièrement virulents, voire outranciers », et de critiquer la présence militaire française en Afrique. Le tout étant susceptible de « porter atteinte aux intérêts français ».