24 février 2023
 

par Patrick Reymond

La situation économique russe est « meilleure que prévue », et celle de l’ouest collectif, bien pire. Pourquoi ?

Parce que simplement, l’URSS d’hier et la Russie d’aujourd’hui, « négligent » les services et misent naturellement sur une économie productive.

Concrètement ? Le PIB russe, et le russe moyen, « perdent », en payant leur loyer 100 euros, alors que le parisien doit payer sa cage à poule 1200, et le français moyen, 600 pour un logement bien meilleur que le parisien. Aux USA, le loyer serait plus proche de 2000, 3000 ou plus. En réalité, ces montants sont des décisions politiques. Un état peut fort bien brider ces dépenses et perdre 20, 10 ou 5% de PIB, qui, de toutes façons, reste fictif. En gros, ça ne changera rien.

Pour les galeries commerciales, c’est encore pire. Un loyer mensuel de 50 000 euros, qui contraint à vendre des tonnes de chinoiseries achetées 1.5 le kilo – comme les godasses -, mais qui devient obsolète devant les ventes en lignes. Ali Papa peut vendre 10 fois plus cher qu’avant, le consommateur européen paie bien moins quand même… Une petite fraction du prix antérieur…

De fait, les bulles immobilières créees au début des années 1970 ont totalement détruit l’économie réelle occidentale.

Les soviétiques, donc, ne comptaient donc pas les services. Il en est resté quelque chose en Russie, plus attachée au réel qu’à la fiction. Le pékin aime la fiction, notamment si elle rapporte. Les révisions des POS qui restreignent les zones constructibles entrainent de fortes tensions. Les propriétaires de terrains râlent de voir disparaitre des fortunes, même si elles sont totalement fictives.

L’économie réelle en ouest collectif souffre-t-elle ? On assiste à des redémarrages foudroyants, dans certains secteurs, comme l’industrie de l’armement à Saint Etienne, pendant que la branlecouillie du tertiaire se vautre lamentablement, mais comme l’industrie, c’est 10% du PIB en France (et environ 10% pour les autres productions réelles), il est difficile de remplacer le déclin de 80% du reste, et en plus, elle est loin d’avoir la priorité aux dépens de l’hédonisme macroniste.

Mais, partant d’un niveau si bas, le total s’il existe, reste bien modeste encore : « En 2014, nous avions 10 entreprises pour 300 emplois. Aujourd’hui, c’est 50 entreprises pour 1300 emplois ». Bien entendu, l’industrie de l’armement a une caractéristique historique forte : elle entraine le reste de l’industrie de manière disproportionnée. Car l’industrie n’a besoin ni de politique publique amicale, ni de pouvoir licencier, ni de réductions de charges, elle a besoin de commandes.

Comme l’a dit un lecteur :

« 1200 tonnes de poudre à Bergerac à l’année, de quoi fournir 500 000 charges modulaires, soit 95 000 « coups complets »,

C’est peu mais c’est peut-être le max que nous puissions faire, je m’explique.

Nous parlons de matières explosives.

– Il nous faut des chimistes.

– Il nous faut des ingénieurs techniciens, ouvriers ayant la tête sur les épaules. Non pas des petits cons plus intéressés par leur écrans que par leur travail.

Une fois que tout le monde est bien formé on augmente la production…

Nous partons de très bas, et la reconquête prendra 2 à 3 générations si nous y arrivons. Il ne faut pas oublier que ce n’est surement pas ceux qui ont tout détruit qui pourront reconstruire ».

Il faut les locaux, les machines et le savoir-faire. Tout a été liquidé. Remarquez, avec le nombre de superprimou géant qui risquent d’être supprimés, la déprise immobilière suite aux faillites des chaines de magasins, on risque d’avoir du surplus. Mais c’est le savoir-faire qui a disparu. De fait, deux ou trois générations me semblent beaucoup, une, à mon avis suffira. Mais dans la tête de piaf de Macron et des financiers, il suffit d’y mettre le prix.

J’avais attiré l’attention sur le fait que pour la mutation des bâtiments, des systèmes de chauffage, il n’y avait simplement, pas la main d’œuvre qualifiée suffisante. C’est encore pire pour l’industrie. En plus, l’industrie a géré sa main d’œuvre comme les pizzaïolos. Aucune vision à long terme, on disait aux cadres qu’on se concentrerait sur le plus cher, le design dix ânes. Les Chinois ? Ils étaient trop cons pour y arriver. Peut-être, mais ils ont l’argument prix imbattable.

Là aussi, on ignore la simple vérité : les ports français n’ont pas bénéficié de la « mondialisation ». Pas leur faute, ni celle de la CGT, ni celle d’élites locales frileuses. Ils souffrent simplement d’un arrière-pays modeste, au regard de monstres comme Rotterdam ou Gênes. De fait, si on veut que les ports français se développent, il faut renoncer au libre-échange. Parce que pour ce qui est du bordel, du trafic et des vols, tous les ports du monde se ressemblent.

Côté production, si les bulles immobilières en occident sont moindres qu’en Chine, elles sont quand même là : Le secteur de la construction neuve implose, sous l’effet de la hausse des coûts, de la main d’œuvre, des matériaux, de la hausse des taux d’intérêts, et sous l’appétit du secteur, friand, lui aussi, d’une rentabilité « naturelle » de 15%. Et puis, on ne se pose pas la question. Est ce qu’il y a simplement des « besoins » de logement en occident ? De fait, il y a besoin de logements bon marchés, et on propose de plus en plus du haut de gamme… Plus rentable.

Dans l’automobile, il y a une tendance à la fuite dans le haut de gamme, mais c’est une solution de court terme.

De fait, la guerre, c’est, comme la Russie le démontre, écraser l’adversaire à moindre coût, humain et matériel, et cet affrontement met en exergue toutes les tares occidentales, de fuite vers le haut de gamme, nettement plus rentable.

Pour conclure : « Nous vivons maintenant dans un pays où les médecins détruisent la santé, les avocats détruisent la justice, les universités détruisent le savoir, les gouvernements détruisent la liberté, la presse détruit l’information, la religion détruit la morale, et nos banques détruisent l’économie ».

De fait, Chris Hedges reprend simplement des propos plus anciens, ceux d’Ivan Illitch.

source : La Chute